* Avertissement au lecteur : la traduction des mots en gras est en fin de texte. Cette saprée journée restera longtemps dans la mémoire des huit gagas qui, n'écoutant que leur courage, ont réussi la conquête de l'un des plus beaux fleurons en matière de grimpette : le Mont Ventoux. Au départ, à 5 h 30, à Lorette, sept galapias se sont donnés rendez-vous. Les yeux tout piquerleux, comme après une bringue, lorsqu'on a les ébariaules, nous allons en voiture direction Bollène. Nos amis de Mavilor, très organisés, voyagent en camping-car. Durant le trajet Robert tône (est-ce vraiment surprenant ?). Il a le babaud, son pied le fait souffrir, c'est sans doute celui duquel il s'est levé. Il nous répète qu'il s'est fait violence pour venir mais qu'il a tenu à respecter ses engagements (cela force notre admiration !). A Rasteau, petit village au coeur des vignobles, nous retrouvons Gilles, le boursou du peloton. Il est 8 heures. Sur la place du village nous nous mettons en tenue, Robert profite de la présence de platanes pour assouvir un besoin pressant. Jean-Paul, désireux de l'imiter, quelques minutes après, se fait prendre à partie par une babièle complètement basseuille qui n'avait pas vu le loup depuis bien longtemps. Notre ami en a le sifflet coupé. Précisons pour la défense de la "mémère" que les WC publics sont à 30 mètres. Moralité : "qui veut imiter son président, doit le faire à bon escient !" Tout le monde est en selle, direction Vaison la Romaine. nous passons à proximité du lotissement petafiné par la crue de l'Ouvèze à l'automne 1992. Nous restons stupéfaits devant l'ampleur des dégâts. Nous avons une pensée pour les gens qui sont morts et pour ceux qui ont tout perdu - beauseigne. Devant nous, le Ventoux se dresse en toile de fond et semble nous lancer un défi. Dès la sortie de Malaucène nous nous enquillons dans le vif du sujet. Henri, ce foulatra s'échappe déjà. Il faut dire qu'il pense au Ventoux depuis son premier tricycle, c'est pour lui la réalisation d'un rêve de matru. Robert en fin philosophe choisit de grapiller bali-balant, afin d'être sûr de bien finir. Il faut dire qu'il a déjà été éjeillé dans le Ventoux. Les autres roulent à peu près groupés pour l'instant. Le kilométrage indiqué sur la route est trompeur car il indique la distance nous séparant du Mont Serein, à 5 kilomètres du sommet du Ventoux. Heureusement les initiés nous mettent en garde contre d'éventuelles réjouissances trop hâtives. Au fil des lacets, plus personne ne clanque et chacun broge dans son coin. Il fait de plus en plus chaud, heureusement les quinze premiers kilomètres sont assez ombragés. |
Un peu faramelant, je continue sans m'arrêter car je veux arriver sans poser les agotiaux à terre. Un km ou deux avant le Mont Serein, il y a une saprée bosse. Certains cyclos roulent en bisangoin, d'autres sont de traviole, un papy s'applate en voulant passer son triple et s'écorpèle. C'est la Bérézina et c'est pas fini mes belets ! Les trois derniers kilomètres sont pour moi les plus difficiles, j'aurais dû boire davantage mais c'est dur de ne pas s'encoucourler. L'antenne du Mont Ventoux est tout près, on croit y être et puis il faut encore monter, c'est très dur pour les muscles et pour le moral. Enfin c'est la libération, le Géant est terrassé. Ailla ! nous sommes au sommet. Chacun a le sentiment d'avoir réalisé une performance même si les temps sont très moyens (environ deux heures). Henri est arrivé 17 minutes avant nous, il est complètement ébravagé. Moi je suis franc essorié mais heureux d'avoir atteint l'objectif. Nous pouvons dire comme CESAR "veni-vidi-vici" (je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu). Tout le monde étant fatigué il y a pas de conférence au sommet. Ensuite on débaroule vers Sault, le paysage est beau et varié (pinatoux et lavande), mais attention aux razats. A Sault nous mangeons la portion sur une petite place ombragée, servis par une ravissante gambelle à l'accent chantant et aux oranges plaquées-or. Nous évanlons pendant plus d'une heure, on ferait bien une pranière. L'après-midi est plus relax, nous flânons un peu dans les magnifiques gorges de la Nesque avant de rejoindre Bédouin (on a cherché sa fille, on l'a pas trouvée !). La chaleur est écrasante au milieu des vignes et la route nous réserve encore quelques surprises avant Malaucène. Le retour à Rasteau se fait tant bien que mal (plutôt mal que bien) et nous sommes soulagés lorsque nous arrivons aux voitures. Sur la place les vieux du village jouent à la pétanque. Ce fut encore une excellente journée, tout y était : le beau temps, la beauté des paysages, l'amitié. Ceux qui ne sont pas venus vont maronner. Merci à Jojo qui est bien bravounet pour une si belle ballade mais fouilla qu'on a guenillé ! On tachera moyen de faire mieux la prochaine fois. Il parait que le Ventoux c'est comme une femme : "même quand on le connait bien, on le maîtrise mal". Allez sans adieu et VIVE le VELO. Frédéric NOGIER N°4319 de SAINT CHAMOND (Loire) |