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Un plus de 3000 dans les Andes

Revue N° 26 Page 04

Parti pour trois semaines fin novembre avec pour but de relier l'Océan Atlantique au Pacifique à travers l'Amérique du Sud.

Après les grands fleuves de l'Uruguay, la platitude de la Pampa Argentine, me voici à pied d'oeuvre pour franchir les Andes par la seule route goudronnée sur plus de 3000 kilomètres.

La ville de Mendoza est atteinte après 2000 kilomètres d'expédition. La longue avenue San Martin toujours en montée me fait sortir de la ville. De belles villas se succèdent, le vignoble s'éloigne, j'entre dans un paysage minéral tout en remontant la vallée du rio Mendoza qui coule des eaux bouillonnantes couleur chocolat.

Je suis surpris par le peu de circulation auto. Une cinquantaine de kilomètres avant de trouver un village : Potrerillos, 1350 mètres d'altitude, une épicerie, un jardin public ombragé pour le pique-nique, l'orage menace... Encore une cinquantaine de kilomètres à remonter le cours de la rivière, des paysages grandioses pour arriver à Uspallata dernier bourg avant la haute montagne. Je suis à 1900 mètres. Fin de journée un peu hâtive mais il n'est pas certain de trouver à loger plus loin. Demain l'étape sera longue !

Départ avec la montagne ensoleillée, de longues lignes droites vallonnées pour rejoindre le rio Mendoza que je remonterai presque toute la journée. Des vues changeantes sur toutes les montagnes, souvent couvertes de neige. Une belle perspective sur le Mont Tupungato (6800m) ; tout est désert, une voie ferrée remonte elle aussi la vallée mais elle doit être abandonnée depuis bien longtemps vu l'état de délabrement des rails et des gares.

Vers midi je suis dans une petite station de ski : Les Pénitents (2700m) ; un repas rapide, il faut continuer car le vent de face est très fort, il est plus pénible que la pente assez régulière. Un premier passage de douane rapidement effectué, et ça monte toujours ! A Ponte de l'Incas une curieuse source pétrifiante aux couleurs jaunes dégradées.
Un peu plus loin, le cimetière des Andinistes victimes de l'Acongagua, le sommet des deux Amériques. Ils sont nombreux à avoir payé de leur vie la conquête de ce géant. Pourtant à le voir, malgré ses 6959 mètres, ses glaciers et ses pics, il ne semble pas si terrible !

Encore de la montée et un fort vent de face jusqu'à Las Cuevas ; je ne pourrai monter le col du Christ Redentor (3882m), l'hiver a été très neigeux et la route n'a pas encore été dégagée, je devrai me contenter du tunnel, 3185 m quand même !

La police hésite à me laisser franchir ce tunnel pourtant bien éclairé. Devant le peu de circulation on me laisse partir, ils sont vite faits ces trois kilomètres, me voici au Chili. Tout de suite très forte descente jusqu'à la douane où l'accueil est chaleureux, les formalités vite expédiées, et c'est la grande descente avec 28 lacets sur une route cimentée qui n'est pas de première qualité.

Je prends ma revanche sur les poids lourds qui se traînent en descente. Petit arrêt à Portillo, modeste station de ski où Jean Claude Killy remporta ses médailles Olympiques. Un petit village, Rio Blanco sera mon étape, truites et salade changent des portions énormes de viande argentine.

Ce matin il fait frais, je dois être encore dans les 1800 m d'altitude et ça descend toujours, parfois en forte pente ou plus doucement. Enfin un peu de plat dans la petite ville de Les Andes ; depuis le tunnel de la frontière, 75 kilomètres de descente, pas mal, et je suis encore à 850 m d'altitude.

Il me faudra encore deux journées pour voir l'Océan Pacifique dans le magnifique petit port au nom peu romantique de Con-Con !

Louis ROMAND N°90

de MONTAUBAN (Tarn-et-Garonne)


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