En dépit des révolutions et même, ce qui est pis, des périodes d'impopularité, le prêtre continue à porter la soutane. Il fait exception à la règle des sociétés modernes, chez lesquelles l'uniforme n'est plus admis que pour les militaires. La bonne tenue du clergé français est un fait admis du monde entier. La soutane est un porte-respect qui agit d'abord sur celui qui en est revêtu. Le public est sévère pour le prêtre, en France plus qu'ailleurs. D'aucuns poussent un peu loin l'application de la maxime : "Un prêtre n'est pas un homme comme les autres". Les usages ecclésiastiques sont tenaces : ils deviennent facilement des obligations. Naguère, le curé de campagne était inévitablement un piéton, inséparable de son bâton, moins élégant que solide. Quand il avait quelque aisance, il se payait cheval et voiture, et en faisait profiter ses confrères moins bien partagés. Plus anciennement, les curés qui le pouvaient possédaient un bodet, et faisaient leurs courses au petit trot. L'usage en est perdu. La bicyclette a remplacé le cheval, non sans peine. Ce fut une affaire, une affaire d'Etat, de savoir si les prêtres pouvaient enfourcher la bécane. |
Les moeurs sont devenues plus fortes que les règlements, même ecclésiastiques. Aujourd'hui, ce sont les évêques qui font cadeau aux curés de la bicyclette dont ils ont besoin pour exercer leur ministère. On commence déjà à offrir des motocyclettes et même de petites automobiles à ceux qui ont de grands espaces à parcourir. L'Eglise a toujours embarqué la vérité évangélique sur tous les véhicules qui passaient à sa portée. Bientôt elle enverra, sans doute, ses missionnaires par un service d'avions. Elle trouverait des aviateurs au besoin parmi les prêtres anciens combattants. Extraits du livre de Mgr Julien d'Arras - "le Prêtre" - (1925) NDLR : Etonnants documents transmis par un ecclésiastique, membre de notre Confrérie.
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