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Couleuvres corses

Revue N° 28 Page 14

Voici le récit d'une journée qui s'est déroulée à l'occasion d'une ballade de deux semaines avec Jean-Michel Clausse en Corse du Nord. Nous sommes le vendredi 14 mai 1999.

Aléria, 6h15, chantier de fouilles interdit au public. Nous plions rapidement les duvets et installons les réchauds sur la place de l'église où les toilettes nous fournissent l'eau du banquet matinal.

A Casteraggio, nous testons les deux boulangeries. D'un côté, un type un peu bourru, de l'autre, une serveuse mignonne et enjouée ; le choix est vite fait. Quant au charcutier, il se réjouit de faire le meilleur saucisson de l'île !

Le brouillard ne se lève pas. Michel se gave de cerises à Pianiccia puis me rejoint après le col de Corso. Au col de la Foata, à 834m d'altitude, le soleil réapparaît enfin et nous roulons de front sur cette route déserte.

A l'entrée de Pianello, deux bouts de bois par terre se mettent à bouger. J'accélère le train, tandis que Jean-Mi saute de son vélo. J'arrête et vois mon bout de bois traverser gentiment la route à ma rencontre avant de disparaître dans le fossé. Il s'agit d'une belle couleuvre sans doute aveuglée par le soleil !

Jean-Mi a sauté de son vélo car l'autre couleuvre se dirigeait vers lui. A présent, elle se cache sous la sacoche arrière de son vélo posé sur la route, et ne semble pas vouloir s'en détacher. Il faudra que mon camarade soulève son vélo pour que la couleuvre veuille bien s'éloigner.

Arrive le facteur à qui nous contons notre histoire : Vous savez, à cette altitude, seules les couleuvres peuvent survivre car, les vipères importées du continent avec le foin, ne supportent pas le froid.
La route passe au col de Catarelli, qui mérite beaucoup moins le titre de col que la Croix de Cicinelli, un peu plus loin. A Moïta, la fatigue se fait sentir, et pour satisfaire à la coutume locale, nous faisons la sieste sur le trottoir. Plus loin, dans le col de Fragasso, les fourrés sont piquants et il faut porter le vélo. Ceci suffit pour que je perde l'aimant de mon compteur. Pour l'habitant du col de San Gavino qui a gardé nos sacoches, pas de problème : "Vous n'avez qu'à en prendre un sur un vieux frigidaire. Il y a des décharges un peu plus loin."

Requinqué par ce conseil, je roule les yeux braqués sur les alentours, mais évidemment, ne vois aucune décharge. Le temps d'escalader le court mais raide col de Provo et nous "débaroulons" par une piste au barrage de l'Alesani.

Cervione n'est pas loin. Dans un garage, je récupère les aimants de haut-parleur et les scotche sur ma roue avant. Le compteur fonctionne à nouveau ; c'est remarquable !

Après ce beau village flanqué sur la colline et bien embouteillé, une longue montée pas raide et très sinueuse nous amène à Ortia.

La journée s'avance et un habitant, de sa voix rocailleuse, nous propose le tuyau d'arrosage pour rincer les bêtes et le Whisky pour rincer les gosiers. La conjugaison de ces deux liquides incite aux confidences et Jean-Mi découvre alors qu'une de ses relations professionnelles est un neveu de notre homme.

Pour clore la journée, le gîte du col d'Arcarotta étant fermé, une fois encore, nous dormirons à la "chemineau", dans un hangar à l'entrée de Piedicroce.

Marc LIAUDON N°289

de CRAPONNE (Rhône)


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