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Le poids des symboles

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Comment cela a t-il commencé ? Je trouve une trace, loin dans ma mémoire à force d'entendre parler de la confrérie des Cent Cols, mais, si ténue qu'elle n'est plus identifiable. C'était même avant le véritable éveil au vélo, au temps du football dominant.
Plus près de nous, les signaux reviennent, plus distincts

Tout d'abord au club :
- Tu connais la Conf..... des C... C...?
- Non !
- Ben, c'est ....
- Ah oui, ça me dit quelque chose. Mais bon, les cols, faut aller loin, et puis, y en a qui sont favorisés parce qu'y z'ont des petits et en nombre, alors que nous, on fait toujours les mêmes, et qui sont durs.
Encore plus près de moi, un collègue de travail :
- Tiens, au fait, je viens de m'inscrire aux Cent Cols.
- Ah bon ! Alors, raconte.
- Et toi, as-tu compté à combien tu en es ?
- Ben non !

A quel moment le ver est-il entré dans le fruit ? Mystère. Mais c'est à ce moment-là, fin 97, que j'ai commencé l'inventaire, pour ne pas dire l'engrenage. Au bilan historique de la petite soixantaine, s'ajoutèrent bien vite une quarantaine en 98. Et c'est ainsi qu'au moment de préparer mes vacances du printemps 99 qui visaient St Raphaël, le centième était imminent. Commençait alors, après l'achat de la carte locale, la recherche des cols à portée et la construction de circuits de bon rapport. L'esprit tranquille, je pouvais explorer les possibilités de l'arrière pays.

C'est à cet instant que je l'ai vu ! Il a fallu qu'existe les Cent Cols, il a fallu que je sois tout près de la centaine, il a fallu que soit décidée cette semaine de vacances vers l'Esterel, pour le découvrir, moi qui ignorais jusqu'à son existence. Finie la tranquillité !
Avant de l'attaquer, il faudra arriver au jour dit, avec 99 pile au compteur. Pas si simple !

Pour l'adhésion au programme, aucun problème : chacun mis au courant du défi, a compris bien vite l'incontournable portée de ce que ce soit LUI, mon centième. Plus aléatoire en fut l'application. Un jour, la fatigue féminine, le mauvais temps du lendemain et me voilà à 98 au matin de son escalade. Bref, il m'en manquait un ce matin là ; impossible de compléter par le col de St Arnould qui ouvrait l'ascension que j'avais souhaitée royale vers ce centième, rayonnant du haut de ses 915m et qui m'attendait depuis des lustres. Peut-être un miracle ; une idée : la veille, en escaladant le mont Vinaigre, j'avais remarqué un vieux panneau moussu, don antédiluvien du TCF, sur lequel j'avais eu peine à déchiffrer "Pas de la Louve". L'endroit, joli au demeurant, ne ressemblait pas vraiment à un col, mais le terme "Pas" pouvait me laisser espérer, avant de retrouver mon Chauvot à la fin des vacances.

A pied d'œuvre le jour J, le plaisir de l'ascension vers le but éclipsa les soucis numérico-symboliques et les deux amis qui m'accompagnaient laissèrent le futur centcoliste monter en solitaire et en mano à mano avec son col.

La montée était superbe avec la vue qui s'ouvre sur les collines du Haut Var et progressivement vers la mer. On ne peut en dire autant sur son autre versant qui donne sur le plateau inhospitalier du terrain militaire de Canjuers où ne fleurissent que des panneaux d'interdiction.

Pour la beauté finale du geste, le Chauvot a fait en sorte que le Pas de la Louve soit homologué. Qu'il en soit loué pour des siècles et des siècles... Amen.

Quoi d'autre ? Ah oui, quel pouvait être ce col, et pourquoi tant d'histoires ? Tout simplement, parce qu'il se nomme le col de Bel-Homme.

Alain LE BELHOMME N°5022

de BERNIN (Isère)


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