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Afin de ne plus s'égarer

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L'envie de découvrir les cols béarnais nous fit, cette année-là, poser notre caravane dans l'ombragé camping de la charmante cité d'Aramits. A partir de là, plusieurs circuits furent concoctés afin de mieux apprécier cette belle région.

Le premier matin, nous envisageons d'effectuer une boucle comprenant le franchissement des cols de Bouesou et Houratate via Lourdios et retour par la vallée d'Aspe.

Et c'est parti ! Tôt le matin pour être rentré pour midi, avec le soleil qui nous accompagne, nous cheminons dans cette belle vallée qui nous conduit au si joli petit village de Lourdios-Ichère. Mais à partir de là, la pente devient sérieuse et nous décidons de monter chacun à notre rythme. " N'oublie pas de tourner à gauche au prochain croisement " sera la dernière recommandation à mon épouse avant de nous séparer. En cette heure matinale, la petite route est quasiment déserte et l'ascension est des plus agréables sous les frondaisons de la forêt d'Issaux. La route à gauche, et bientôt le sommet du col de Bouesou suivi dans la foulée, de son voisin, le col de Hourarate.

Je sais par habitude, qu'il me faudra attendre 25 à 30 minutes avant qu'Annette ne me rejoigne ; aussi, j'en profite pour me restaurer, et même, lui cueillir des mûres. Elle les adore !

Puis, un coup d'œil à la montre : 20 minutes que je suis arrivé ; elle doit approcher ! 25 minutes ; elle doit passer au dernier kilomètre ! 30 minutes ; elle va déboucher ! 35 minutes ; j'ai dû monter plus vite que d'habitude ! 40 minutes ; c'est elle qui a dû monter moins vite ! 45 minutes ; il y a peut-être problème ! Je jette les mûres au fossé et me lance dans la descente espérant la rencontrer à chaque virage. Me voici revenu au croisement : rien ! Une idée saugrenue traverse soudain mon esprit : " et si elle était allée tout droit ! ". Je me rassure en me disant que ce n'est pas possible et aussi, je continue à descendre. Un, puis deux kilomètres, et toujours rien ! Je finis par arrêter une voiture et demande s'ils n'ont pas rencontré une dame à vélo qui aurait des problèmes. Réponse négative...! Donc, elle a raté le croisement ! Je repars en sens inverse ; c'est à dire en montant et, voici que je commence à avoir mal aux jambes, et voilà que le tonnerre se fait entendre ! Elle a horreur de l'orage...! Elle doit commencer à paniquer...! Que va-t-elle faire si elle parvient au sommet, vers la Pierre St Martin ?
Il ne me reste qu'une solution : arrêter une autre voiture, mais elles se font rares sur cette petite route ! Enfin... en voilà une ; elle stoppe gentiment à ma hauteur. Je demande d'avoir la gentillesse de dire à la dame qu'ils vont rencontrer, que son mari se trouve à l'arrière et non pas à l'avant comme elle le croit. Stupéfaction dans le regard de la passagère, mais c'est sûr, ils feront la commission.

Je continue donc à grimper, quelque peu rassuré et, finalement, à la sortie d'un virage, je vois un bolide qui dévale la pente. C'est bien elle, mon Annette ! Comme de bien entendu, elle n'avait pas vu la bifurcation. Elle comprend bien vite mon humeur...et, en plus, comme le temps est à l'orage...

Les nuages commencent à s'amonceler et deviennent vite menaçants ; plus question de terminer notre circuit : faut rentrer au plus vite ! Comble de malheur, je crève en fin de descente et pour terminer, en croyant prendre le bon raccourci, nous devons nous " taper " le court mais sévère col de Lie. La sortie se termine quand même par de grands éclats de rire, car, c'est seulement en arrivant au camping que les premières gouttes de pluie commencent à tomber.

J'ai depuis, promis à Annette de me munir d'un pinceau et d'un pot de peinture afin de baliser les itinéraires ou bien de garnir les poches de mon maillot de petits cailloux blancs et de les semer... comme le Petit Poucet.

Annette et Gilbert LACHAIZE N°4151 - 4152

de VILLENEUVE-sur-LOT (Lot et Garonne)


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