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La terrible descente du col de l'Echelle

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Il y a dans la vallée de Névache, à l'Est de Briançon, un col ouvert seulement en période estivale et qui fait communiquer la dite vallée avec l'Italie via Bardonnechia. Le versant Nord n'est pas goudronné et il se nomme : le col de l'Echelle. Il y a quelques années un projet autoroutier (tunnel) avait suscité beaucoup d'émotion et soulevé un unanime tollé de la part des riverains et des amis de la nature.

Après Val des Prés et un peu avant le village de Névache, commence l'ascension dans un splendide décor où s'égayent bon nombre de pins, cembro, sylvestre, cèdres et autres mélèzes et où coule en contrebas, dans un écrin de verdure, la Clarée, une bien nommée rivière qui va se verser dans la Durance du côté de La Vachette. Un spectacle enchanteur ! Une pure merveille !

Tout à coup, un cri strident déchire l'air et je crois deviner une marmotte qui regagne son abri, alors que tout là-haut, un aigle tournoie, menaçant. Tandis que je peine dans ces pourcentages déjà difficiles, mon esprit est retenu par des cocons de chenilles processionnaires qui pendent au bout des branches des résineux environnants. Pensez donc ! Le cèdre de mon jardin en est envahi.

L'ascension se poursuit à allure régulière et je compare ce site qui n'a rien de commun, à une échelle, d'où le nom du col est probablement lié à cette comparaison ou à cet outil qui servait jadis aux contrebandiers pour franchir la frontière vers l'Italie. Au sommet, ma contemplation de ce fascinant et magique décor est telle, que j'en oublie la moindre règle de prudence. De plus, je songe à ma fille qui m'attend au pied du col et sans plus attendre je dois redescendre.
Si je tarde, elle va s'inquiéter ! Mais, que se passe t-il ? Un trouble, déjà ressenti tout à l'heure m'envahit. Il s'accentue, étrange, indéfinissable, mes pensées s'accélèrent, s'embrouillent et les cocons de chenilles se mettent à danser dans une sarabande effrénée. Tout à coup, tout vacille, j'entends un craquement de branche, un vide impressionnant et le trou, noir, béant...

Quand je me réveille, allongé dans l'herbe, là, chez moi à côté du cèdre de mon jardin d'où pendent les cocons de chenilles, quelqu'un me supplie " ne bougez pas ". Au pied de l'échelle, se tient ma fille, affolée. Mais, quelle est cette voix que je ne reconnais pas ? C'est celle d'une voisine, secouriste à ses heures et qui a alerté les pompiers qui ne tardent pas à intervenir. Ils me placent délicatement dans une coquille et m'évacuent sur l'hôpital d'Avignon. Je m'en tirerai avec une fracture de la première vertèbre cervicale ; ce qui me vaudra un mois d'hospitalisation et une inactivité professionnelle et cyclotouristique bien sûr. Dieu merci, je pourrai repédaler, telle sera la confirmation des médecins mais, de grâce : patience !!!

Au fait, que s'est-il passé ? Oui, cet accident ? J'étais en train d'écheniller le cèdre de mon jardin, et voilà... l'échelle a ripé...

Durant ma pseudo perte de connaissance, c'est la montée du col de l'Echelle qui m'est réapparue, oui, la montée que j'avais effectuée quelques années auparavant.

Pourtant, je ne me souviens pas de l'avoir descendu aussi rapidement !!!

Norbert MEDOC N°3913

du PONTET (Vaucluse)


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