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Les Pass californiens

Revue N° 28 Page 81

Octobre 1999, les feuilles mortes commencent à tomber, la température chute dans notre cher vieux pays. La fin de saison est proche, plutôt propice à décompresser mais, comme d'habitude, un troisième séjour annuel à l'étranger me semble vital.

Une amie américaine me propose de l'accompagner chez elle en Californie, à l'autre bout du globe. Au premier abord la suspicion s'installe en moi, j'envisage déjà la plage, les casinos, les Pamela Anderson, Hollywood, etc... !

Au contraire, après avoir débarqué à San Francisco et humé ses curiosités, nous effectuons, en voiture, un saut de puce de 300 km plus à l'Est. La montagne californienne est en vue, une immense barrière appelée Sierra Nevada (et parfois même "les Alpes de Californie" !). Le ciel est d'un bleu lumineux et la température est chaude, en somme l'été indien.

A quelques encablures du lac Tahoé, le plus grand lac de montagne des Etats-Unis et le second pour son altitude (1890 m), lieu de villégiature préféré des californiens en mal de casinos, nous délaissons un instant l'auto pour escalader un col. Cinq kilomètres d'ascension, assez pentue, pas la mer à boire mais, après un long voyage et un décalage horaire, c'est acceptable.

Dès les premiers hectomètres, le manque d'oxygène se fait sentir, l'air est sec et il nous faudra plusieurs jours pour nous y acclimater.

Le sommet de l'Echo Summet (altitude 2250 m) situé sur un axe de circulation importante est hostile aux vélos. Nous nous n'y attarderons pas et nous rejoindrons, en plein cœur d'un parc national, le minuscule village de Markleeville (alt : 1678 m), un lieu typique de l'Ouest américain. D'ici, nous allons effectuer des balades à... vélo en franchissant les quelques Pass avoisinants, tous au dessus des 2000 mètres. Pour le gîte, un simple Motel suffira.
Le lendemain, un ciel bleu et une température fraîche nous figent. Nous rejoignons le point de départ de notre circuit et faisons la rencontre d'un coyote, pas effarouché du tout.

Nous attaquons le premier col sur une chaussée lisse, de 200 mètres d'élévation pour 4,5 km. Cela s'apprécie et rapidement le sommet du Luther Pass (2361 m) est en vue. Puis nous entamons l'ascension suivante, la vue est appréciable et les arbres sont d'un jaune automnal étincelant. Le trafic routier est fluide et la bande d'arrêt d'urgence nous permet de cycler en toute tranquillité. Le sommet approche : en moulinant à me couper le souffle, Barbara, ma compagne de... route m'a précédé. Le Carson Pass culmine à 2615m.

Après la tenue d'été pour la montée, celle d'hiver est plus appréciable pour les 9 km de descente. Les eaux du lac Caples scintillent aux reflets du soleil. Puis une courte montée de 3 km pour recueillir le Carson Spur (2434 m) au bord d'un gigantesque canyon. Retour en arrière avec de nouveau le franchissement du Carson Pass pour conclure ce circuit de 6 km avec trois 2000.

Dans la soirée, le village est en émoi : un jeune ours a fait une apparition remarquée, il fera la tournée des poubelles sans trop déranger. Les jours suivants, nous franchirons encore neuf 2000 dont le Sonora Pass (2941 m), le col routier le plus élevé de Californie et l'ascension la plus redoutée des cyclistes.

Un paysage caméléon, un trafic nul et des pourcentages parfois terrifiants ! (panneau à 26 %) mais avec un 22x28, sans bagages, pas de réel problème.

Charles WINTER N°1835

de Levallois-Perret (Hauts de Seine)


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