I
J'ai lu madame il faut le dire
Avec émoi vos confessions
Votre tristesse et mal de vivre
Devant mon manque d'attention,
J'ai du chagrin et je regrette
Que vous ne m'ayez pas compris
Et ce procés que vous me faites
En me traitant de malappris.
Il faut donc que je vous réponde
Pour éviter que l'on me prenne
Pour un gredin sale et immonde
Et la réputation qu'il traîne.
II
C'est vrai que je fus infidèle
Que je vous ai trompée souvent
Que sans remord à tire d'aile
J'ai voyagé sous tous les vents.
C'est vrai que j'eus d'autres passions
Et que mon coeur s'est dispersé
Essaimant ses déclarations
Comme un prodigue aux mains percées.
Le beau, le bon, telle est la quête
Que je ne renierai jamais.
Je vais répondre à votre enquête
Et me justifier,ah, mais !
III
C'est vrai vous fûtes ma compagne
C'est vrai vous fûtes mes amours
Lorsque nous battions la campagne
En nous jurant, toujours, toujours.
C'est vrai, j'ai tout appris par vous
Comme Aragon l'a si bien dit,
Pourquoi faut-il que je l'avoue
Quand vous réclamez un dédit.
Pourquoi faut-il que ma main tremble
A l'évocation du passé
Quand nous allions heureux ensemble
D'aventures jamais lassés.
IV
Je vous aimai ma bicyclette
Et vous aimerai toujours,
A jamais compagne de fêtes
Et souvenirs pour mes vieux jours.
Nos amours furent platoniques,
Nous avions le monde pour piste
Convaincus qu'il est satanique
De n'être pas cyclotouriste.
Je n'oublierai ma bicyclette
Aucun de ces si beaux moments...
Faites dons grâce à ma requête :
Je veux demeurer votre amant.
Rolland ROMERO