Un peu d'histoire : Les travaux de la route et du tunnel du Parpaillon furent décidés par le Général BARON-BERGE, Gouverneur militaire de Lyon et commandant l'armée des Alpes. Ils furent exécutés par les militaires des Chasseurs Alpins, les soldats du Génie et des ouvriers civils, sous la direction du Capitaine DAVID à la fin du XIX ème siècle (à partir de 1891 plus précisément). Ils devaient servir à relier les vallées de la Durance et de l'Ubaye, mettant en communication les villes d'Embrun et de Barcelonnette, afin de réduire les temps de déplacements. On pensait à cette époque que l'Est des Alpes pouvait constituer une menace pour le pays. Cette voie permettrait de rejoindre le puissant fort de Tournoux, à la Condamine, et de relier les vallées par des routes empruntant les cols. La route et le tunnel du Parpaillon (altitude 2637m) furent achevés en 1901. Elle resta longtemps la route la plus haute d'Europe. Paul de Vivie (alias Vélocio) franchit ce col en 1903 et y retouma en 1909. Dès 1930 le groupe montagnard Parisien lança une "campagne du Parpaillon" qui porta ses fruits, puisque 29 cyclotouristes allèrent découvrir ce col en 1930 et 54 en 1931. C'est de cette époque que date la "légende du Parpaillon". Ma petite aventure : C'est en juin 2001, à l'occasion d'un séjour près d'Embrun, que je me décide à entrer dans la "légende du Parpaillon". Comment faire ? Vélo route ou VTT ? La première hypothèse est envisagée et je m'attaque aux premières pentes de cette célèbre montagne. En vain, car arrivé au village de Crévoux, je ne peux guère aller plus loin. Mon "coursier" avec ses petits pneus de 700x22 n'y résisterait pas, quoiqu'il y eut des précédents. La route militaire étant devenue un chemin muletier, je me décide pour la deuxième solution, le VTT, beaucoup plus adapté pour ce genre d'épreuve. Et c'est nouvellement équipé que je prends un nouveau départ, cette fois du village de La Chalp le 5 juillet 2001. Il est 8 heures et la fraîcheur aidant, je prends calmement la route, celle-ci étant encore goudronnée pendant 3 km sur un total de 12, mais je me doute de ce qui m'attend. C'est ainsi que les hostilités commencent avec un chemin caillouteux et couvert d'épines de sapins au départ. Un petit pont est franchi, puis le chemin se fait beaucoup plus rude, avec des cailloux très agressifs m'obligeant à bien choisir mes traces. |
Je passe devant une cabane où des chiens aboient. Leur patronne ne peut me renseigner sur la distance restant à parcourir. Nous ferons sans. Je suis seul dans ce décor de rêve, entouré de montagnes, les arbres ont disparu, c'est le domaine des grands espaces. Un torrent donne un fond de musique à mon escalade. Les épingles m'obligent à mettre pied à terre, ainsi que des coulées d'eau en travers du chemin. Plus haut, ce sont des coulées de neige qui me barrent la route et je passe à pied dans l'alpage. Puis j'enfourche à nouveau ma monture, quand une marmotte me nargue en me coupant le chemin. L'altitude se fait sentir et le souffle devient court aux alentours de 2500m. Soudain, après un dernier tournant, c'est la récompense. Ce fameux tunnel du Parpaillon se présente à ma vue (il est 10 heures). Encore quelques cinquante mètres de marche sur la neige et je pénètre dans cet ouvrage tant convoité des cyclos-montagnards. L'atmosphère y est très humide, des coulées d'eau tombent de la voûte et forment des flaques au sol. Au loin, je distingue une petite lueur, qui n'est autre que le bout du tunnel menant vers la vallée de l'Ubaye. Je ne me décide pas à franchir ces 466,80 mètres, dans le noir et l'humidité, me contentant du plaisir qu'a représentée pour moi cette escalade cyclo hors du commun. Après un bref ravitaillement, en admirant encore les sommets qui m'entourent, j'enfile le coupe-vent et j'amorce ma descente (il est 10h 15). Elle se réalise relativement facilement avec un VTT. J'arrête ma "dégringolade" et prends un moment de plaisir à voir quelques marmottes qui se faufilent dans les hautes herbes de l'alpe, par petits bonds successifs. Sur le retour, un des chiens qui se faisaient entendre à l'aller, me prend pour cible et repère mes mollets que je lève le plus haut possible en criant bien fort. Heureusement pour moi il abandonne sa proie, le bougre. Quelques randonneurs pédestres sont salués au passage et je retrouve La Chalp où j'ai garé la voiture (il est 10h 50). Un petit détour par Crévoux à l'hôtel "Le Parpaillon" où j'ai relaté cette petite aventure sur un livre d'or ouvert aux cyclos de passage. C'est tout cela la "légende du Parpaillon". Et je ne peux que recommander à tous ceux qui en ont l'envie de s'y engager. Ils en éprouveront certainement autant de bonheur que j'en ai ressenti. Il restera à jamais gravé dans mon cœur de cyclo. Daniel GRANGE N°1993 de La FERTE-MILON (Aisne) |