C'est la plus haute randonnée cyclo...pédestre de France et certainement l'une des plus belles, sinon la plus belle, mais certainement pas la moins sportive. De quoi s'agit-il ? D'un périple qui se déroule sur deux jours au départ de Lourdes, organisé par le groupe ETAU des cyclo-randonneurs Lourdais sous la haute autorité de René Delhom et de ses assistants Vincent et Jean-Louis. Donc, le samedi 8 septembre, nous nous retrouvons sur le parking de la salle des fêtes où s'effectue le départ. Il y a environ une trentaine de cyclos (nombre limité pour des raisons de sécurité). Il fait encore nuit. Une bonne ambiance règne entre les cyclos, heureux de se retrouver et les organisateurs très sympathiques satisfaits de voir que le temps est de la partie. Il fait frais mais le ciel est dégagé. Je salue l'unique Alèsien, à savoir Emile Soulier et les autres cyclos que j'ai pour la plupart eu l'occasion de rencontrer à une autre randonnée (Sierra Marenda) qui se fait dans les Pyrénées-Orientales. Ces deux organisations ont des points communs essentiels à mes yeux, à savoir : nombre limité de cyclos qui pédalent deux jours en montagne dans une ambiance faite d'amitié, de convivialité, sans aucun esprit de compétition et où l'on a le temps de parler, d'admirer les paysages et de prendre de nombreuses photos. Il manque un Alèsien au départ -le célèbre Bébert- qui a été victime quelques jours avant d'une très sévère chute dans les Cévennes. L'absence de casque ayant aggravé ses traumatismes, j'ai la surprise de voir son compagnon de route préféré - Emile - casqué ... C'est le début de la sagesse ! Il est temps de démarrer. Une voiture de police, gyrophares en action, nous ouvre le passage dans la cité endormie jusqu'à la sortie de l'agglomération où nous empruntons une piste cyclable qui est en fait une ancienne voie de chemin de fer goudronnée. Quel plaisir de rouler au petit matin, en sécurité, l'esprit tranquille! A partir d'Argelès-Gazost nous retrouvons la route, mais la circulation est assez réduite et nous pouvons admirer les gorges de Luz. A la sortie de Luz-Saint-Sauveur, la route commence à monter, mais cela reste convenable jusqu'à Gèdre où commence vraiment la partie touristique et sportive. A la sortie du village, nous prenons la petite D 922 à gauche. Très rapidement, nous gagnons de l'altitude, Gèdre est déjà bien en-dessous de nous, pour ensuite longer le gave de Héas. La vallée, étroite au début, s'élargit progressivement jusqu'à Notre-Dame-de-Héas. Il est temps maintenant de tourner à droite, de passer le péage (c'est gratuit pour les cyclos) pour parcourir les 7 km de la route en lacets qui nous emmènera au cirque de Troumouse, premier haut lieu de la randonnée. C'est un cirque très sauvage, presque inhospitalier, limité par un arc de cercle dont les sommets avoisinent les 3000 mètres. Il n'y a plus de neige, la végétation est limitée, l'ensemble est très aride. René qui a parcouru toutes ces montagnes à pieds dans tous les sens, nous donne les noms des différents sommets et des brèches qui les séparent. Il est temps de redescendre, très rapidement pour certains, et de s'arrêter après le dernier lacet, car c'est là que se situe le restaurant qui va nous accueillir pour le repas de midi, que nous prendrons sur la terrasse, à l'ombre des parasols, car il fait un temps superbe et le soleil chauffe encore très fort. Repas délicieux, vin à volonté... est-ce bien raisonnable ?? Ambiance chaleureuse. Un petit café, et nous enfourchons nos vélos pour une petite descente avant de tourner à gauche, pour deux kilomètres environ d'une petite route très très pentue, qui aboutit au barrage des Gloriettes. Aller et retour sur le barrage pour admirer le cirque d'Estaubé situé au fond d'un vallon avec le lac en premier plan. La verdure est plus présente, quelques plaques de neige ont résisté aux mois d'été ; ce cirque me semble plus accueillant que son voisin de Troumouse. Descente prudente pour retrouver la route du gave de Héas et ensuite celle qui monte à Gavarnie, terme de la première étape. Arrivée au gîte, récupération des bagages dans le fourgon de René, prise de possession de la chambre très confortable, douche, et après, une boisson bien méritée ; il est environ 17h 30 et nous avons plus de deux heures devant nous. Nous partons à pied (n'oublions pas que c'est une randonnée cyclopédestre ) pour gagner le fond du cirque de Gavarnie. C'est très agréable de marcher un peu après une journée de vélo. Le soleil éclaire le sommet du cirque, le bas étant déjà dans l'ombre ; cela accentue le relief. Il n'y a pratiquement personne, ce qui rend le site beaucoup plus majestueux et mystérieux qu'aux mois de juillet et août, où les touristes, en grand nombre, ne permettent pas de goûter aux charmes de ce lieu peut-être trop connu. Retour au gîte, il fait maintenant bien frais, pour le repas du soir au menu parfaitement adapté à notre activité de la journée et à celle du lendemain. Je me trouve à la table de René et c'est un vrai bonheur que de l'entendre raconter ses sorties de chasse, en particulier à l'isard, avec un fusil dans le temps, avec un appareil photo et un caméscope depuis quelques années. En effet, beaucoup de chasseurs semblent avoir oublié que la chasse est un sport, et qu'il y a une éthique à respecter, ce qui a pour effet d'inciter les vrais chasseurs à délaisser le fusil pour des appareils permettant de prendre de magnifiques images de cette faune sauvage des Pyrénées, pour le plus grand plaisir de ceux qui pourront admirer ces documents. Il est temps d'aller prendre quelque repos. Un coup d'œil à l'extérieur nous apprend que Gavarnie est totalement plongé dans les nuages. Que sera demain ? |
6h du matin. Tout le monde est debout. Le temps est clair et très froid. Après un petit déjeuner à la hauteur de la situation, départ dans la pénombre. Equipement d'hiver de rigueur, si l'on peut dire, pour les 20 km de descente jusqu'à Luz-St-Sauveur. Pratiquement pas de possibilité de pédaler pour se réchauffer un peu. C'est avec plaisir que l'on se retrouve sur la place de Luz pour se dévêtir. René est là, avec son fourgon prêt à recevoir notre excédent de vêtements. Rendez-vous pour tout le monde au sommet du col du Tourmalet à 11 heures. Montée continue, au pourcentage assez régulier, à l'ombre jusqu'à Barèges, au soleil ensuite. Pendant les derniers kilomètres, on a tout le loisir d'admirer le Pic du Midi de Bigorre, qui, il est temps de l'avouer, est le haut lieu principal de cette randonnée. En effet, le chemin des Etoiles, c'est la route non goudronnée, fermée par une barrière, qui, du col du Tourmalet, permet de rejoindre les cols de Sencours et des Laquets. Bien entendu René a obtenu toutes les autorisations pour que nous puissions utiliser cette route jusqu'au col de Sencours. Il nous ouvre la barrière, demande poliment au troupeau de lamas, très curieux, mais pas vraiment souriants, de nous laisser passer, et c'est avec un grand plaisir que nous roulons sur le chemin des Etoiles. Il n'y a pas de voiture, sauf celles des organisateurs, la pente est modérée et l'on peut admirer, en levant la tête, l'observatoire du Pic du Midi qui se détache sur un ciel parfaitement bleu et, en la baissant, la route que nous venons de gravir pour gagner le Tourmalet. Arrivés au col de Sencours (2378 m), tous les cyclos abandonnent leur monture et leurs chaussures de vélo pour des chaussures de marche, car, il reste environ 500 mètres de dénivelée pour atteindre l'observatoire. Avant de nous laisser partir, René, l'œil malicieux, sort de son fourgon un gros carton d'environ 2 mètres. Il nous explique rapidement que les médailles c'est dépassé et d'une utilité peu évidente, alors... qu'un bâton de marche, c'est beaucoup plus original et pratique pour une ascension pédestre. Chaque participant a droit à une magnifique canne sculptée (ours, isard ou marmotte) sur laquelle est gravé le nom de la randonnée et la date. Nous remercions chaleureusement notre organisateur. Très rapidement nous pourrons apprécier l'utilité de ce cadeau souvenir. Jusqu'au col des Laquets (2637m), le chemin est en bon état, mais après, le sentier devient escarpé et mal entretenu ; aussi, en montée, et encore plus en descente, avoir un troisième point d'appui permet de progresser plus facilement et en sécurité. Vers 13 heures nous arrivons enfin à l'observatoire, les nuages aussi. Ils montent de toutes parts, se déplacent très rapidement. Il fait froid, nous sommes maintenant à 2872 mètres. Heureusement le repas est prévu à l'intérieur. Il sera excellent. Plats variés, bien présentés et servis par des jeunes sympathiques. Le temps passe vite. Nous irons faire un tour à l'exposition qui retrace l'évolution des connaissances sur le monde des étoiles et en particulier du soleil ; nous nous arrêterons quelques instants au magasin de souvenirs où il y a de splendides cartes postales de l'observatoire en hiver, puis ce sera la descente. Dur, dur, pour les muscles des cuisses maintenant refroidis. Heureusement le paysage est très beau avec, en particulier, une vue plongeante sur le lac d'Oncet et le chemin des Etoiles. Nous retrouvons nos vélos bien rangés et attachés à côté du fourgon auquel nous confions nos cannes et nos chaussures de marche. Descente prudente jusqu'au Tourmalet qui est, comme c'est souvent le cas, dans le brouillard. Celui-ci accompagnera les cyclos jusqu'à La Mongie. Ensuite quelques gouttes, simplement pour nous rappeler que nous sommes dans les Pyrénées (dixit Emile) et ce sera l'arrivée à Lourdes. C'est avec tristesse que nous devons nous séparer après ces deux journées exceptionnelles. De très beaux paysages, des routes tranquilles, une superbe randonnée parfaitement organisée par René, Vincent, Jean-Louis et tous les cyclo-randonneurs Lourdais auxquels j'adresse mes félicitations et mes remerciements. C'est cela le Chemin des Etoiles. Christian GERARD N°3185 d'ALES (Gard) |