Ah pour ça, on en avait longuement parlé ! Des soirées entières, je vous dis, des soirées entières, des sorties entières même. Sans l'avoir fait, je connaissais tout des routes, chemins, pistes, sentiers de l'itinéraire de la cime de l'Assietta. Moi, d'un naturel plus improvisateur, je me fiais à mon instinct ; une fois sur place, "on verrait bien". Je me fiais aussi aux talents d'organisateur de 3752 (puisqu'il s'agit du numéro sous lequel il est inscrit dans la liste des 100 cols). Son sens de l'organisation, plus mes facultés à m'adapter à l'imprévu, le cocktail devait être détonnant. L'étude des articles de la revue traitant de l'Assietta n'avait plus aucun secret pour 3752. Jo Brufaerts, Rossini l'Alpino, pas le musicien, étaient ses auteurs favoris du moment. Enfants casés, épouses convaincues de la beauté de Sestrières et de sa région, rendez-vous fut pris pour le 20 juillet 2001 sur la place de Briançon. Tout de suite en voyant 3752, ma supportrice numéro 1 me dit : "il n'a pas l'air bien !". Effectivement, "il" n'était pas bien. Il avait mal aux dents. La pharmacie de Briançon fournit ce que nous croyions être la solution à nos problèmes, et nous franchîmes la frontière pour passer la nuit face à l'obstacle. La soirée fut consacrée à une dernière étude de la carte. Où sont les pièges ? Dans quel sens allons nous tourner ? Allons-nous faire le petit tour ? Ou le grand par la cime de L'Assietta ? La nuit devait nous porter conseil, la nuit et la forme car 3752 manifestait un soupçon d'inquiétude. Inquiétude justifiée d'ailleurs, car 3752, n'était pas brillant au petit déjeuner. Ce serait donc le départ par le Colle Basset, afin qu'en cas de problème nous puissions, arrivés au col de l'Assietta, partir directement vers le col de la Finestre. L'ascension vers le Colle Basset se passa bien. |
A ce sujet, je n'entrerai pas dans une vaine polémique pour savoir si nous devons compter ou non le Colletto di Costa Treceira, car si on regarde attentivement la topographie des lieux, il semble bien qu'il y ait un col à cet endroit-là, même s'il n'y a pas de pancarte. Le plus important, c'est que grâce à la revue et à ceux qui écrivent des articles, nous avons fait une magnifique sortie dans des paysages grandioses. Sans doute mis en confiance par les passages respectifs des Colle Bourget, Di Costa Piana, Blégier, Del Lauson, et de l'Assietta où, grisés par l'air des montagnes, nous décidâmes de "prendre par la cime de l'Assietta". Mais, soit la fatigue, soit l'altitude, soit la fin de l'effet des cachets, soit les 3 conjugués, la douleur reprit. Et là, du côté du Colle du Vallon Creux, j'ai cru que 3752 me filait dans les pattes. A 2552 m d'altitude avec un compagnon déprimé, sans comprimé, j'étais mal. Finalement, à force d'encouragements de ma part, de volonté et de courage de sa part, 3752 remonta en selle. Je vous passe ce qu'il endura pour finir, mais il finit. Mais que ce fut dur pour remonter le col de Sestrière sur une route goudronnée et surchauffée aux alentours de 1 heure, 1 heure et demie. En plus, ce col de Sestrières était son 500 ème. Ah ! il s'en souviendra de son 500 ème, car à l'issue de cette histoire, 3752 fit une semaine d'hôpital. Depuis, cela va mieux et cette aventure est rangée au rayon des souvenirs, mais je suis sûr qu'il est déjà penché sur ses cartes avec son double-décimètre à la main, pour nous préparer sa revanche. Mon instinct me dit que ce pourrait bien être le col de Tende et la route frontalière qui en part. Et pour quelqu'un qui a fait l'Assietta sans être dans son assiette, cela ne devrait pas poser de problème. Patrick GIRARD N°3753 de Romans ( DRÔME ) |