De Méditerranée aux monts de l'Helvétie,
Et puis de l'Oberland jusqu'à la Vénétie
J'ai franchi des sommets, des vallons encaissés ;
J'ai vu bien des hameaux sur des pitons usés
Par les pluies et les vents gonflés par les orages
Qui, depuis la genèse, ont sculpté tant d'ouvrages.
Regarde ! tous ces rocs et encor ces îlots,
Ce sont les contreforts où se brisent les flots.
La rose et les œillets de Nice sont suaves,
Et l'Estérel est rouge entre tous les agaves.
Les mimosas en fleurs et l'oranger en fruits
Jalonnent mon chemin où se mêlent les bruits.
Du littoral à Grasse et d'Avignon à Vence,
Ami, sens ces parfums ! : c'est toute la Provence.
Le chant de la cigale emplit les oliviers,
Et le site des Baux est fleuri d'amandiers.
Vois donc ce dôme altier ! qui, dans le ciel, s'érige
Au pays des Mistral : Poète félibrige,
Et nom de l'aquilon qui courbe les cyprès.
Viens grimper avec moi ! pour le voir de plus près
Ce mont Ventoux sublime exilé dans la plaine :
Allons-y doucement ! pour ne pas perdre haleine.
Du rivage d'azur aux grands massifs alpins,
La pinède fait place aux forêts de sapin.
J'ai remonté le cours du Var, de la Tinée,
Tributaires torrents de Méditerranée.
D'Ubaye à Restefonds j'ai fait souvent le tour
Pour aller aux confins du parc de Mercantour.
De Vanoise à l'Oisans la faune a son domaine :
La marmotte s'ébat, se roule et se démène
Sur les bords du ruisseau, sans souci du danger.
Soudain une autre siffle en voyant l'étranger :
Cet intrus est un homme ou l'aigle dans l'espace.
Les chamois, eux aussi, se méfient du rapace,
Et les deux bouquetins ne livrent plus combat
Quand le maître des airs, subitement, s'abat.
Le col de l'Iseran, tout seul, vaut le voyage,
Des cimes aux glaciers, quel merveilleux passage !
La flore est abondante au col du Lautaret,
Elle est très variée et mérite un arrêt.
Les derniers jours de Juin sont les plus favorables,
Mais ne cueillez pas trop de ces fleurs adorables.
Les plantes coupées sont comme des oiseaux morts,
Elles vont se flétrir : Évitez les remords !
Humez et contemplez l'Aster et l'Ancolie,
La Campanule aussi vous paraîtra jolie.
Sur le Mont-Blanc on voit beaucoup de randonneurs.
Ce massif dominant a droit a ces honneurs
Car il séduit toujours par sa grandeur suprême,
Et tout contemplatif lui dédie un poème.
On peut faire un circuit en y mettant des jours.
L'artiste fasciné voudrait peindre toujours
Quand le soleil couchant colore les arêtes
Et lance ses rayons entre toutes les crêtes.
L'Italie et la Suisse ont un sommet divin :
Il a souvent tué, ce Dieu nommé Cervin.
Suivez le cours du Rhône et le val qu'il arrose,
Car c'est du Haut-Valais qu'on peut voir le Mont Rose
Se teinter sous les feux qui viennent du Levant,
Et puis les Jungfraujoch et les glaciers devant.
Au Tyrol, aux Grisons vous verrez du folklore,
Et près du lac de Garde une exotique flore.
En grimpant au Stelvio ! Le site est ravissant,
Et ce point élevé donne accès au versant
Qui vous mène à Venise et à l'Adriatique.
Cette barre sanguine est la Dolomitique :
Arrêtez-vous ! pour voir la perle du Trentin,
Quant à moi je m'en vais : mais pas sur "l'aventin".
J'ai fait cet exposé pour vous donner envie
D'aller vers les sommets qui subliment la vie.
Vous désirez partir ? Je le vois à vos yeux.
- Mais comment visiter ces pays merveilleux,
Est-ce mieux en voiture, ou bien comme un bipède ?
- Non ! le meilleur moyen : C'est le vélocipède.
Jean LONGEFAY
Poète du Beaujolais de Savigneux (01)
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