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Roger LEBRETON est mort.

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Il était des hâtes, et personne ne l'aurait connu, ou presque, sans quelquo article de noire Bulletin (1), tant il était effacé et craignait d'élue importun.

Sa carapace de vieux solitaire un peu sauvage cachait en réalité un besoin étonnant d'échanges amicaux et une générosité qui n'attendait que l'occasion de se manifester.

Son honnêteté et sa franchise lui inspiraient dans tous les domaines des jugements que nous trouvions parfois dépourvus de nuances, mais toujours pleins de bon sens.

Et puis c'était un "cyclo", un vrai, sans le moindre brevet ni la moindre médaille, mais qui savait voyager l'esprit aux aguets et tous les sens en éveil.

Voici bientôt 20 ans qu'il avait dû renoncer aux grandes chevauchées à la suite d'un accident qui l'avait laissé infirme pour la vie, avec une jambe raccourcie.

Et brusquement, en 1977, il décidait d'en finir avec le carcan de sa désespérante inaction , les routes de la Beauce et du Gâtinais le voyaient aux prises avec des distances de plus en plus longues en vue du défi un peu fou qu'il s'était à lui même lancé à l'occasion de sa première cure à Bourbonne Les Bains : s'y rendre à vélo par un itinéraire buissonnier traversant la Belgique, l'Allemagne, la Suisse.
Enhardi par ce pari gagné, il récidivait l'année suivante par les Alpes Autrichiennes et Italiennes, épinglant au passage le Stelvio et le Gavia, entre autres seigneurs. Ses retours de Bourbonne se déroulaient selon un véritable rite , il en avait fait son itinéraire de l'amitié, jalonné de séjours à Dijon, Grenoble, Menton, d'où il regagnait sa lointaine banlieue, toujours à vélo.

Tout était prêt en 1979 pour une nouvelle expédition lorsqu'une leucémie foudroyante a mis fin au plaisir de vivre qu'il avait su reconquérir; il est mort à 69 ans, le 15 août, à l'hôpital de Praz-Coutan.

Chacun notre tour, Marcel Bioud et moi avions pu lui apporter sinon le soulagement, du moins un peu de réconfort au cours de sa longue hospitalisation.

Sans doute n'aurait-il pas aimé que je parle ainsi de lui, mais c'était un tel exemple pour nous tous qu'il fallait le citer, et je sais que, du Paradis des "cyclos" où il se trouve, il m'a déjà pardonné.

Adieu, cher Roger.


(1) relire dans le bulletin n°4 : "premier col", c'est tout lui.

Michel PERRODIN


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