Page 10 Sommaire de la revue N° 09 Page 18

A LA DECOUVERTE DE LA MONTAGNE DES DIEUX OU CYCLOTOURISME DANS LE MASSIF DU DONON

Revue N° 09 Page 16

Depuis longtemps il trottait dans mon esprit malsain de chasseur de cols d’aller à la découverte de ce lieu de pèlerinage gaulois. En effet, ce lieu hiératique (sacré) était du temps de nos ancêtres un endroit de pèlerinage dont la renommée s’étendait au loin vers les territoires des Médiomatiques, Triboques et Leuques, des peuples gaulois dot les territoires se touchaient pratiquement au col de Donon (727m). C’est pourquoi, un jour de l’an de grâce de l’an 1980, je me suis retrouvé dans ce massif à la recherche des dieux d’Astérix et d’Obélix.

Parti de Strasbourg, je passe par les collines du Kochersberg pour atteindre Wasselone, où débute la valée de la Mossig. La route longe ce ruisseau en pente douce jusqu’à Engenthal le Bas. A partir de ce village, je quitte la grande route pour emprunter la route forestière des Russes. Après quelques kilaomètres d’ascension, assez raide par moments, j’arrive à Windsbourg, dernier hameau où l’on peut se restaurer avant le Donon, dont le nom est dérivé de Dunos, qui signifie tout simplement la montagne. Un km après, je quitte la Route Forestière our épingler à mon tableau de chasse le col de Wetzlach (732 m). Après cette digression je reviens sur la route des Russes. La route monte régulièrement et le 26x19 est de mise. Après avoir dépassé la M.F. Grossmann, un nouel extra s’offe à moi : 800 m. d’un sentier plus ou moins cyclable et j’atteins le col du Hoellenwasen (916 m.) sous une averse de grêle ce qui est tout un programme quand je vous dirai que le nom de ce passage est synonyme de ballon de l’enfer !!! Quelques minutes plus tard je retrouve le goudron. Montées et descentes se succèdent à présent, ce qui justifie bien le nom de cette route forestière privée, ouverte à tous. Après avoir passé le col du Haut du Narrion (736 m.), j’arrive au carreefour de la route montant d’Abreschviller. JJ’arrive ensuite au cimetière militaire du col de l’Engin (789 m.).

A partir de maintenant, il s’agit d’être vigilant. 800 m après ce nouveau col, je prends la première route forestière goudronnée à gauche, un vrai boulevard qui me mène au col d’entre les Deux Donons (822 m.), où j’ai la…surprise de découvrir un magnifique panneau devant le petit refuge du Club Vosgien. Je viens d’entrer dans l’ancienne principauté de Salm dont je peux voir une des anciennes bornes frontières. Après avoir ingéré un consistant casse-croûte, je prends pendant un km un chemin cyclable qui m’amène au pied du but de la journée, le Donon (1009 m.). Je me retrouve nez à nez avec une barrière, qui empêche les automobilistes de monter jusqu’au réémetteur de télévision. La route goudronnée, en 2 km de virages serrés à fort pourcentage (12 à 15 %) m’amène à ce réémetteur visible de loin et où m’accueillent deux bergers allemands. A partir de là commence la partie muletière de l’expédition, un bon entraînement pour le col de la Petite Cayolle de cet été. Dix minutes de portage et je me retrouve en plein temple de Mythra.
Comme beaucoup de sommets vosgiens, le Donon a été occupé vers 1200 avant J.C., ce qui a eu pour résultat la formation tout autour du plateau terminal d’un rempart de terre et de rochers emmêlés. Tout au long de la route des crêtes des Vosges du Nord, qui arrive depuis Saverne, on trouve des vestiges du travail de l’homme ce qui tend à montrer qu’il existait, bien avant l’arrivée des Romains, un chemin de pèlerinage qui se dirigeait au moins depuis Saverne jusque vers le Donon. Aujourd’hui, en arrivant au sommet du Donon, il faut faire très attention pour retrouver les traces de ces temps de splendeur de la « montagne ». En débouchant sur le plateau, vous aurez franchi le rempart antique, sans vous en être aperçu, tant celui-ci a été malmené par les travaux forestiers. Nous voici sur une sorte d’esplanade limitée au Sud-Ouest par des barres de pierre hémi-circulaires et sur lesquelles se trouvent sept stèles de dieux. En face de cette esplanade, on peut apercevoir les fondations d’un premier temple formé de blocs de grès, en forme de rectangle de 11x7.6 m. A l’intérieur se trouvaient les images et les sculptures du dieu Mercure Teutatès. A gauche de ce premier temple, qui servait à l’accueil du pèlerin, se trouvait la source aux propriétés certainement particulières. De nos jours, elle a été captée et on peut en voir le couvercle de fer, légèrement plus haut dans la montagne. A droite du chemin se dressait un second temple. Le sentier actuel emprunte en gros l’itinéraire du pèlerin de jadis. Ce chemin était flanqué de plusieurs grande stèles de Jupiter.

A côté de ce deuxième temple se trouvait un puits très grand, bordé par une double margelle, et dont la profondeur d’origine était de 7.7 m. En face de ce dernier temple connu, s’élevait une chapelle où l’on a découvert une stèle du dieu Cernunos, le dieu du cerf.

Le temple qui couronne aujourd’hui le sommet du Donon fut construit il y a un siècle et contenait tous les vestiges recueillis sur place lors des différentes fouilles organisées. Mais, suite à des actes de vandalisme, les quelques vestiges encore restants ont été transférés dans un musée d’Epinal.

Cet aspect tout à fait insolite des Vosges, vous pourrez le découvrir lors de notre concentration de 1981, qui aura lieu dans le Massif Vosgien.

Alfred Mertz

Strasbourg (67)


Page 10 Sommaire de la revue N° 09 Page 18