Chers Amis, Amis cyclos… sportifs, randonniers, touristes, coursiers, etc… Je suis un tout nouveau adhérent du club des « 100 cols » et je dois avouer que je n’ai lu que 2 brochures concernant l’activité et les réflexions des cyclo-touristes. Si je peux me permettre une critique, j’espère que mes propos seront lus avec beaucoup d’indulgence. J’ai été un peu choqué et afin de m’expliquer, je suis obligé de faire un retour en arrière. J’ai commencé le vélo à 15 ans ; ma famille, de condition assez modeste, m’avait acheté un demi-course, 3 vitesses, ce qui, à l’époque (1951) représentait un petit capital. Au début, il n’était pas question pour moi de compétitions, mais un jour pourtant, j’ai été invité par un copain pour faire une sortie d’entraînement avec les membres de son club, le V.C. 12ème à Paris. Je me souviens des regards goguenards de la plupart. Ils possédaient de superbes machines légères, dotées de braquets impressionnants. Dans la côte de Champigny sur Marne, un peu effrayé par toute cette foule, je me permettais de les « déposer » sans trop forcer avec un 46 x 18 ; je pouvais les voir peiner loin derrière. Dès lors, ils changèrent d’attitude à mon égard ; ils voulaient à tout prix que je courre et m’inscrive à leur club, et je me rangeais à leur avis. Pendant les courses de classements, je terminais 2ème en ayant gagné la course contre la montre (une quarantaine de km à plus de 40 de moyenne) et j’ai été équipé par le club. Malheureusement, j’étais très maladroit dans les pelotons et chutais régulièrement à chaque course ; les dirigeants du club m’affirmaient que si j’arrivais à dominer ma nervosité, je serai un jour un grand champion. A l’époque, j’étais naïf et plein d’admiration pour les « géants » de route les BARTALI, COPPI, ROBIC, KOBLET, … Après 2 ans de compétition, écœuré par mes nombreuses chutes ( pour éviter celles-ci, la plupart du temps, je partais dès le départ et m’épuisais dans des échappées stériles vouées à l’échec), j’arrêtais la compétition. Je continuais pourtant à faire des sorties d’entraînement, jusqu’à mon départ au service militaire. Les 28 mois passés en Algérie, me firent oublier le vélo ; de plus, en revenant du service, je ne retrouvais plus rien de mon équipement et du matériel ; mes frères avaient usé le tout. Je n’ai repris le vélo que 18 ans plus tard à 40 ans, c’est-à-dire il y a 4 ans. Je regrette tellement ce « trou » de 18 années que j’essaye de rouler le plus possible, à la limite du raisonnable. |
Pour revenir à la critique que je voulais formuler, je ne comprends pas le ton un peu méprisant de certains camarades cyclos des « 100 cols » qui traitent de « couraillons » les cyclistes qui emploient de gros braquets. Que nous soyons coureurs, randonneurs, cyclosportifs, cyclotouristes, etc… nous nous devons – je pense- d’être tous solidaires, et laisser le choix des moyens à tous. A partir du moment où un cycliste fait une sortie en amateur pour son bien-être personnel, qu’importe le braquet employé pourvu qu’il parvienne au but. Nous devons nous dire que lorsque nous souffrons sur la route des cols, ce n’est pas pour critiquer celui qui arrive avant nous, parce qu’il a un braquet plus grand ou qu’il est plus jeune, ou plus doué, ce qui est important, c’est l’action de monter le col. Nous, cyclistes, sommes les parents pauvres de la route. Dans les Alpes-Maritimes où j’habite, je crois qu’il n’existe que 8 km de piste cyclable, pour un réseau routier de 3300 km, ce qui représente 0.24%. Pour imposer une meilleure sécurité, la construction de pistes cyclables par les pouvoirs publics, nous nous devons de ne jamais critiquer un cycliste quel qu’il soit, car c’est nous faire du tort. A notre époque, la plupart des gens considèrent la vitesse comme un critère du modernisme. Les ennemis de l’effort à tout prix deviennent de plus en plus nombreux. Le nombre d’obèses augmente chaque année ; nous allons bientôt battre même les Allemands. Nous sommes considérés par certains comme des masochistes de l’effort pour rien. Il faudrait pourtant une prise de conscience pour que ces gens comprennent que le sport est la seule chance de survie de la race humaine ; le vélo en particulier est un excellent moyen de maintien en forme. Si nous ne prenons garde, nos enfants vont devenir des « larves ou des mutants ». Bien sûr, j’exagère, mais… Nous devrions inscrire lors de nos sorties : les forçats de la route, c’est nous ; nous ne demandons rien ; ni applaudissements, ni d’ « allez poupou », nous le faisons pour nous, pour vous, pour pouvoir se supporter. Venez avec nous suer, vous fatiguer, dans la joie, pour rien, pour l’espoir, pour la vie, sans aucune compensation pécuniaire… et sans gloire ! Avec mes amicales pensées. Jean-Claude Lassére Plan de Grasse (06) |