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MEA CULPA

Revue N° 09 Page 58

Saint Vélocio
Patron des cyclos,
Toi de qui je n’ai pas toujours bien respecté les commandements
Pardonne-moi.
En ce troisième dimanche de Septembre, sur les bords de la Creuse,
J’ai à nouveau péché et pédalé par amour propre ; et comme je n’aime pas faire
Les choses à moitié, pour justifier pleinement le triple « mea culpa » rituel,
J’ai péché trois fois.

MEA CULPA POUR L’AMOUR PROPRE D’ABORD… Pour avoir semé la panique dès le départ ; ce n’était initialement que pour vérifier ma forme et éprouver mon genou gauche défaillant 15 jours avant du côté de Volvic ; puis, comme c’était supportable et qu’autour de moi ça commençait à flancher (sauf les maillots rouges bien sûr, mais on en reparlera plus loin) j’en ai rajouté et ai rajouté et ai éprouvé une certaine joie, du sadisme presque, il faut bien l’avouer, à voir s’éteindre après 40-50 bornes, ces gens qui manifestement s’étaient trompés d’épreuve. Tu m’accorderas j’espère les circonstances atténuantes car ces gens-là vu leur allure (matérielle) étaient plus des coureurs que des cyclos, et leur allure (irrégulière et zigzagante) était un danger pour leurs voisins de peloton ; il était donc plus prudent de les laisser derrière.

MEA CULPA POUR L’AMOUR PROPRE FAMILIAL ENSUITE… Le ménage étant fait et m’étant retrouvé avec mes deux gars pour prendre quelque nourriture, j’aurais pu, j’aurais dû bien sûr, attendre les restes de la troupe qui arrivaient précisément alors que nous repartions. Mais puisque les circonstances nous avaient réunis, il ne me déplaisait pas, au contraire, de terminer le parcours, en petit comité restreint et familial. Il y a longtemps que cela ne m’était pas arrivé et en fait nous n’étions jamais restés ainsi, tous les trois, aussi longtemps en rallye officiel. Ils ont d’ailleurs été bien gentils mes deux « gamins » car ils auraient facilement pu me larguer, mais nous étions bien ensemble et nous nous sommes baladés tranquilles, appréciant avec le soleil revenu, le paysage plus varié… et nous moquant même au passage d’un champion de ski nautique que nous avions mal identifié (pardon à toi aussi Patrice Martin !). Sur la fin quand même la petite séance de train habituelle pour montrer que nous étions encore frais… et passer toujours groupés, devant trois autres maillots rouges tout aussi groupés… à la terrasse du café voisin de l’arrivée, depuis un certain temps déjà ; mais là j’empiète un peu sur le troisième péché, et avant d’y arriver, je voudrais à nouveau réclamer les circonstances atténuantes pour cette Trinité, au nom du Père et des deux fils.

MEA MAXIMA CULPA POUR L’AMOUR PROPRE PRESIDENTIEL… Officiellement nous n’étions venus que pour défendre notre coupe, en étant les plus nombreux des plus éloignés, à moins que ce ne soit l’inverse, comme disent les matheux, seul le résultat compte. Mais, en prime, si nous étions aussi les plus costauds ? Oui je sais, c’est totalement contraire à l’esprit cyclo dont je me réclame tant, mais une fois par ci, une fois par là, il faut bien s’amuser un peu, d’autant que ça restera entre nous (pas d’article dans les journaux locaux, ni de publicité pour le matériel utilisé). Je savais que tout le monde (ou presque) était en forme… et pas fâché de le faire savoir. Donc, exécution, et pas besoin pour cela de plan prémédité : la machine est chargée en permanence, il suffit d’allumer la mèche et ça part aussitôt !
La mise à feu étant faite avec l’aide de Gérard, je soufflais un peu dans la première côte (fou d’accord, mais prudent quand-même) recensais tranquillement mon commando au passage : un , deux, trois… six sept ; donc sept aussi derrière, bien groupés sans doute avec René et Roger comme capitaines de route, ma place est à l’avant, si le genou tient, et il faut qu’il tienne !

Ils ont bien compris, je pense, ceux de devant, qu’aujourd’hui on pouvait s’amuser, mais autant le leur dire pour leur ôter toute trace de remord… et participer aussi à la fête. Lorsque qu’un peu plus tard je décrochais à nouveau pour trouver le troisième souffle, j’imaginais d’avance la surprise qu’allaient avoir la prochaine côte, grâce à Philippe, Christophe et Serge, les trois « GAN » qui nous avaient « chatouillés ».Cette jubilation m’en fait presque oublier ladite côte. Elle n’eut d’égale que celle ressentie à l’arrivée, lorsque j’eux confirmation de ce que je pressentais : TROIS MAILLOTS ROUGES en tête départagés seulement à la faveur d’une crevaison (Gérard bien sûr). « Crockett » fêtait ainsi, en train, son incorporation prochaine dans un régiment du même nom.

Là, je sens que j’ai aggravé mon cas, et que ce compte-rendu qui relève plus de l’ Equipe que de la revue fédérale, ne va pas faciliter mon pardon. Alors encore une fois je demande le bénéfice des circonstances atténuantes :…c’était mon dernier rallye de l’année et aussi mon dernier comme Président actif, je ne pouvais tout de même pas me traîner en queue de peloton comme je l’ai fait si souvent cette année.

Maintenant que ma confession est terminée c’est l’heure de la pénitence et de l’absolution…mais il y a un petit os qui m’empêche de recevoir le sacrement : je n’ai aucun remord !

Alors je vous propose un arrangement : on laisse ça de côté pour le moment jusqu'au printemps prochain et à l’occasion du grand pèlerinage pascal on en reparlera tous les deux. Et là je suis sûr que chez vous, sous le soleil de Provence ça s’arrangera, malgré une probable rechute, puisque ce test chronométré par équipe est placé sous votre bénédiction. Et en prime, si vous voulez, histoire de payer les intérêts de retard, j’irai faire mon chemin de croix dans le Ventoux.

Pierre Cordurié

Etrechy (91)


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