Ce n'est pas en Europe que j'effectuais mon premier 4000, mais en AMERIQUE DU SUD, plus exactement au PEROU, lors d'un voyage organisé par la Guilde Européenne du raid en Juillet 81. Depuis longtemps, l'idée de franchir les 4000 en vélo hantait mon esprit, exacerbait mon imagination et d'innombrables questions se posaient : supporterais-je l'altitude, quel temps fera-t-il, comment seront les routes ? Et enfin, quelque part entre Cuzco et Areguya, le jour " J " arrive. Parti de Cuzco, depuis 3 ou 4 jours à 3500,nous n'avons franchi aucun col, ni aucune côte vraiment sérieuse et ce matin nous abordons la RAYA, nous sommes à 3600 et le col culmine à 4313m. Il fait frais ce matin-là et c'est la pédalée relativement facile que nous abordons les premiers lacets du col et bientôt, je me retrouverais seul car, comme dans tous les grands cols, chacun son rythme, un sentiment de plénitude m'envahit. Soudain, un bruit, c'est un cavalier qui arrive à ma hauteur, nos regards se croisent, mais malheureusement, à part BUENOS DIAZ, nous ne pourrons nous comprendre, dommage, alors au galop il s'en va. Longtemps je penserai à cet homme, à son allure noble et fière, dans son costume local et ce décor majestueux des Andes, il semblait venir directement de la civilisation Inca. Revenons à nos lamas (pardon, nos moutons) car en effet, un énorme trou sur la piste défoncée me rappelle bien vite à la réalité. Je respire assez bien, car je monte en " moulinant " en prenant soin de rouler à l'économie, lentement (mais sûrement). J'atteins le sommet sous l'œil étonné des lamas. Il fait chaud et certains camarades, déjà parvenus au sommet, nous attendent torse nu à 4300, quelle surprise. |
Quand le groupe est là, les conversations vont bon train : pour ma part, j'ai trouvé le col relativement facile mais ne l'avons-nous pas abordé dans des conditions idéales : bien entraînés, une pente assez faible, 5 à 6 % sur 8 à 10 km, et une bonne adaptation à l'altitude (cela faisait 5 à 6 jours que nous étions au-dessus de 3000m), la plus grosse difficulté fut la piste en très mauvais état. Mais une semaine plus tard, au sommet du Alto de la Tiraya à 4700 m, j'avais déchanté, car l'altitude avait doucement affaibli les organismes, perte de poids, manque d'appétit, mais la plus dure épreuve nous est imposée par le climat. Ici les sommets frôlent les 6000 m et la piste nous maintient constamment à plus de 4000 m et c'est le désert ; le jour il fait 20 à 30° et certaines nuits, nous camperons à quelques -20°. Sur certaines pistes balayées par un vent violent, nous roulons à 5 à 8 km/h. Après l'effort le réconfort, après 5 jours sans pratiquement se laver, la douche prise dans le luxueux hôtel d'Areguipa, nous fera oublier les mauvais moments . Et dans l'avion qui nous ramène en France, nous revoyons les montagnes, le désert, il nous semble entendre le brouhaha des marchés indiens, les klacsons d'autocars et, déjà, d'autres horizons nous appellent pourquoi pas 5000 m en HYMALAYA. Francis DUNER ILLKIRCH (67) |