- Dis ma petite, nos maîtres semblent avoir la jambe molle ce matin... ? - Je suis de ton avis mon grand, ils doivent être fatigués de la journée d'hier. Moi le grand, taille 60, avec ma copine ; taille 51, nous devisions tandis que nous allions de Ville-Vieille à Aiguilles où nos maîtres font leurs achats (tous les deux jours). - Il est vrai qu'hier " ILS " ont eu une dure journée, mais pour nous cela a été notre " journée ", celle que nous attendions depuis longtemps. - Oui mon grand, car malgré la poussière qui me recouvre, je ne regrette pas cette balade où nous étions les vedettes...mais quand vont-ils donc nous nettoyer ?...Ils ont pris leur douche hier soir et nous alors... ? Mais parle-moi d'hier. - Et oui petite, ils en avaient parlé entre eux et avec des amis qui leur disaient : " vous retournez au Queyras, vous avez fait tous les cols routiers, alors il faut tâter du muletier... ". - Pourvu qu'ils en fassent un, car petite et moi nous étions impatients. Un muletier... un vrai qu'est-ce que c'est ?? Arrivés à Ville-Vieille depuis huit jours, c'était le silence, le calme...pas tout à fait quand même : une balade à St Véran, une à Guillestre... enfin la routine. Mais avant-hier après-midi : direction Souliers, lac de Roue, mais il y a une anomalie... Notre porte-bagage arrière est lesté d'un sac à dos, chacun le sien... rempli de quoi... ? Je crois deviner qu'il s'agit de chaussures de montagne : petits escarpins délicats qui pèsent deux kilos cinq cents la paire. Mais qu'est-ce qu'ils mijotent ? Je les entends causer : " oui... ça tient, ça ne flotte pas... ça ira... ". Quand le soir, rentrés dans notre cabanon, pas de délestage... Qu'est-ce que cela veut dire... bizarre ... A 5 h 30, nous sommes tirés de notre sommeil, équipés du sac de guidon et toujours avec notre chargement bizarre, nous partons direction Guillestre. A la Maison du Roy, virage à gauche : Ceillac. Mon Dieu...que c'est " pentu " et malgré que nos chaînes soient " tout à gauche " ils vocifèrent en appuyant de toutes leurs forces sur nos pédales. Huit heures : Ceillac. Nos maîtres se restaurent et nous, appuyés l'un contre l'autre, nous sommes perplexes...Le casse-croûte achevé, nous partons sur un chemin rocailleux qui les obligent parfois à marcher. Après un long moment : arrêt. Que se passe-t-il ?? Nous sommes délestés de notre sac à dos. Ouf !!, nos sacoches de guidon vidées, nos pédales bloquées... tiens on ne roule plus... Ils mettent leurs escarpins, tandis que je lis sur un panneau à ma gauche " Col Fromage 1 h 50 ". - Ca y est petite, nous faisons un muletier... un vrai... Youpee !!! Pourvu que ça "passe" ?? Et cela a passé...mais quelle journée !!! |
Nous étions libres, sans aucune charge (tout avait été mis dans le sac à dos) on nous a poussés gentiment, et quelques fois on a dérapé... Eh ! Eh ! retiens-nous... Nous en avons vu des choses ; que la nature est belle... : des fleurs jamais vues d'aussi près (et surtout en balade),des abeilles, des sauterelles, tout ce petit monde passait entre nos rayons sans jamais nous effleurer... Il est vrai qu'à l'allure où nous allions... Selon nos maîtres, la montée fut dure, le chemin n'étant pas large et dans certains lacets courts les arrêts furent nombreux...quelle aubaine... A 10 h 30, nous étions au sommet et, comme d'habitude, nous étions les vedettes de la photo avec pour toile de fond les névés du Pic de la Font de Sancte. Du C. Fromage au C. Pré fromage, nous avons pris le GR 58 puis le GR 5. " C'est eux qui l'ont dit... ". Pour nous, nous avons roulé nos pneus dans les éboulis, dans les pâturages, les forêts et parfois dans l'eau vive des torrents et...à une allure paisible... Une seule frayeur. En passant auprès du ravin de la Ruine Blanche : photo de toi petite au bord du ravin-" Vite retirez-moi d'ici, j'ai le vertige.. ". Arrêt casse-croûte à la Fontaine Rouge et repos d'une heure. Nous, nous étions bien, pas fatigués...mais " eux "...Le C. Pré Fromage n'a posé aucun problème sauf la pancarte qui n'est pas évidente. Ensuite d'après leur étude des cartes (Hum ! Hum !) nous devons arriver rapidement à Sommet Bucher. Ce ne fut pas rapide et nous avons souvent tourné à droite, à gauche... Nous on s'en moquait, on se promenait alors... Enfin nous y sommes...Quelle vue magnifique... Et c'est là que pour nous la balade s'est achevée. Chargés à nouveau du sac à dos et aussi de... nos maîtres... nous sommes redescendus à Château Queyras et Ville-Vieille. C'était fini. Mais quelle journée, que de souvenirs (tiens, mais j'y pense, nous n'avons même pas percé...). C'est nous qui avons été les grandes vedettes. Lorsque nous croisions des randonneurs ; le même cri : " Des vélos !!! ici !! la-haut !! et pourquoi ?? ". On nous a pris en photo ; par groupe de jeunes qui n'en croyaient pas leurs yeux. Nos maîtres ont été pris pour des originaux, des dingues... mais que voulez-vous, ils aiment la montagne... Aux incrédules, j'aurais pu leur dire : - " Connaissez-vous un moyen de locomotion, qui permette de faire 50 km en 10 h dont 13 de sentier pour passer d'une vallée dans l'autre avec le minimum de fatigue " (ça c'est pour nous...). C'est bien le vélo, Qu'en penses-tu petite ? - Je suis bien de ton avis... Rien ne les a arrêtés. Et à la suite de ces deux cols ils en feront 12 autres... Pense au col Perdu le plus difficile de tous... et dans le Col St-Véran, lorsque nos pneus ont roulé dans les traces faites par un cyclo qui était passé la veille... Bonjour ami cyclo, toi aussi tu as fait le Col St-Véran, j'espère te connaître un jour. Jean et Janine GAUDIN Chateauroux (36) |