1978 - Un des objectifs de ma saison était la première édition du Brevet Alpin Suisse (édition SRB) 212 kilomètres 4.700 mètres d'élévation, 4 grands cols :OBERALP, LUKMANIER, NUFENEN, FURKA en date du 31 juillet. Cols que j'avais déjà montés, mais pas à la file. Je propose à mon compère Jules d'y aller par le chemin des écoliers, soit : Bâle, Thun, Gstaad, Gsteig, col de Sanetoch versant muletier , Sion, Brigue, col du Simplon, Domodossola, col de San Giacomo aller/retour, Cento Valli, Locarno, Airolo , Andermatt au départ du brevet, le tout dans des délais raisonnables. Quand on totalise 120 printemps ( à nous deux), il faut faire " piano ". Ce projet est adopté à la majorité (sans vote de confiance). Nous emmenons des chaussures de marche en prévision du col de Santenoch. Bien nous a pris, car à Gsteig, les renseignements que nous récoltons laissent prévoir un passage plutôt montagnard que cycliste. Caillasse, rochers et bains de pieds ne manquèrent pas mais la récompense d'un panorama et d'une flore splendide nous fit vite oublier ces péripéties. Un déjeuner des plus substantiels chez l'habitant et la montée à l'aube (sous le soleil) sur le versant Ouest, conjugués à un entraînement pédestre dans le Valais nous permirent d'arriver au sommet en 2 heures 30. Pas de pépin sauf une entaille sans gravité à la jambe de mon ami Jules. Tous les 4.000 du Valais nous saluent sous un soleil resplendissant. Pensant ne plus avoir besoin de mes vieilles chaussures de marche, je les abandonne au dépotoir du premier village rencontré. Après avoir eu la pluie dans le Simplon, le soleil à Domodossola, nous trouvons la neige dans les derniers kilomètres de San Giacomo. Nous faisons du cyclo-cross (avec nos chaussures cyclistes) et arrivons au sommet, splendide. Le lendemain, vendredi 29 juillet, nous faisons étape à Santa Maria di Maggiore dans le Val Vigezzo à une vingtaine de kilomètres de Locarno. |
En nettoyant le soir les chaussures cyclistes, je constate que la semelle de ma chaussure droite pend lamentablement, souvenir des neiges du San Giaccomo évidemment. Conférence au sommet mais pas de solution en vue. Tout à coup, il me souvient d'avoir vu une échoppe de cordonnier dans une ruelle du village pendant que nous cherchions un hôtel. J'y vais cahin-caha, il est près de 18 heures. L'échoppe est fermée. Une accorte signora qui attend également me rassure, le cordonnier va revenir. C'est vrai, après 15 minutes d'attente, temps qu'il lui a fallu pour étancher sa soif dans une " grotta " des alentours. Quand la " donna " fut servie, je lui explique mon problème. Impossibili, signori, domani, oggi trop de travail, etc...etc !! Mes cheveux se dressent, je deviens " coulant " rien à faire, c'est domani. Tu parles, demain, nous voulons être à Andermatt vers 15 heures. Tout à coup, je pense à une solution, ce n'est pas la première fois que je ferais du ressemelage, si j'avais les outils adéquats. Je fais une proposition dans ce sens à mon frère latin qui me donne aussitôt sa colle, ses pointes, son marteau, son pied, sa place, je m'installe et répare au mieux (ma semelle tient toujours bon) face à la vitrine. Pendant ce temps, l'ami cordonnier, pressé par son travail, se met au soleil, taille une bonne bavette avec ses voisins, en regardant son " suppléant ", tout cela dans le plus pur style italien, les mains à l'appui... !! J'espère que la corporation italienne de la chaussure ne me créera pas d'ennui, because travail noir, si jamais ces quelques lignes devaient un jour tomber à leur vue. Madona Mia... Henri HUMBERT MULHOUSE (68) |