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IL ETAIT UNE FOIS LA MONTAGNE

Revue N° 11 Page 50

Moi qui n'aime pas du tout écrire, aujourd'hui je prends mon stylo pour venir exprimer ma joie.

Je viens de passer mon 100ème col le 25 juillet dans le circuit des Aravis, (la Forclaz de Queige), un nom que je retiendrai longtemps, et mon 115ème le mardi 10 août 1982 (110 000 mètres d'ascension).

Si je parle de ces 100 cols, ce n'est pas par vantardise, ni pour éclabousser, mais pour exprimer ma satisfaction personnelle et pour remercier tous mes copains qui ont roulé avec moi depuis quatre ans.

Je suis, à 43 ans, comme un enfant qui vient de recevoir un cadeau, mon cœur bat très fort, et peut-être pourrai-je avoir une larme à l'œil de plaisir en repensant à toutes ces longues heures de selle dans cette belle montagne.

Que de souvenirs de sueur, de mauvais temps, de fortes chaleurs, de brouillard, de moments de découragement, mais aussi de très bons qui me font oublier les efforts et les lassitudes.

Mon départ sur un vélo remonte en août 1977, et déjà mes premiers coups de pédales furent pour une bonne côte, je sentais que j'allais aimer grimper. Il me fallut une année pour me mettre en jambes sur les bosses de mon département et 1979 fut une très bonne année, c'est de là que j'ai commencé à aimer la montagne, mon premier grand circuit fut le BRA et là j'ai découvert mon plaisir. Depuis, dès que mon temps libre me le permet, c'est vers elle que je me dirige.

Du plus haut au plus bas, mis à part quelques exceptions, je me souviens de chaque col, les uns passés en 40 x 16 et d'autres en 30 x 24, les uns, ne voyant jamais arriver les sommets, et d'autres, ne me rendant pas compte qu'ils étaient passés.

Pourtant quand j'y repense, que de bons et mauvais moments à passer, je vais vous parler de mes plus mauvais :

Mon plus beau coup de pompe fut sans nul doute dans l'ascension du Molard le jour du BRA 79, je le su après, je n'avais pas assez mangé : fringale, crampe à chaque cuisse. Je fis les quatre cents derniers mètres moitié à pied, moitié à vélo, il fallait voir à quelle vitesse...Puis l'attaque de la Croix de Fer (BRA 79) de nouveau la fringale et les pieds me brûlaient. Après avoir bien mangé et m'être trempé les pieds dans un ruisseau, le col passa beaucoup mieux, bien sûr à petite allure.
A la Semaine Fédérale de Pamiers, dans le col de la Crouzette (19%), par une chaleur torride, un passage à pied, trois cents mètres environ. Je ne pouvais plus avancer, j'étais comme vidé de mes forces, et d'autres encore mais moins durs ceux-là.

Le plus beau fut sans conteste l'arrivée en haut de la Croix de Fer ; et bien oui, j'ai pleuré de joie dans les bras de mon copain Loulou...pensez, c'était très dur et avec la fatigue, un camarade qui arrive très peu de temps après moi, cette foule qui encourage chaque participant, il faut vivre cet instant là.

J'ai aussi un autre très bon souvenir, le passage du Tourmalet ; le premier 2000 de mon épouse, de Claude et d'Olivier, ceci est inexplicable, il faut le vivre.

Bien sûr, j'aurais beaucoup de choses à dire, mais il me faudrait une journée pour m'exprimer, la montagne, ça ne s'écrit pas, ça se vit. C'est une féerie sans cesse qui se renouvelle. Pour un cyclo, chaque col est une épreuve sans enjeu et un exercice physique gratuit. Avec un très bon entraînement et de la volonté, ce qui donne une bonne endurance physique, c'est un plaisir de la parcourir.

Voilà pourquoi j'aime la montagne. Je crois que je suis généreux dans l'effort physique et très combatif, lorsque je fais quelque chose, je le fais avec passion et j'aime aller jusqu'au bout de mon entreprise, je pense que je suis un touriste sportif. L'ascension est un exercice passionnant qui demande à être vécu, c'est pour cela que je me tourne vers elle.

Maintenant, il me faut penser à l'avenir et dire que 1986 me verra peut-être passer mes 200 cols.

Vive le vélo et vive la montagne...

Jean BRUNE

SAINT JULIEN LES VILLAS (10)


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