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Cyclotourisme à Jersey

Revue N° 15 Page 14

Jeudi 14 août, 11 h. Partis de St Malo une heure plus tôt en vedette rapide, nous débarquons, ma femme et moi, à St Helier, avec les sacs sur le dos mais... sans vélo.

Le mal est vite réparé : les loueurs de bicyclettes sont nombreux sur place. Bien entendu ce sont des bicyclettes anglaises avec cintres droits et 3 vitesses (dans le moyeu). On s'élance avec appréhension sur ces engins, vers notre camping situé à St Brelade à quelques kilomètres : la conduite à gauche, les sens interdits, les sens giratoires, les embouteillages (c'est aujourd'hui, comme par hasard, la " bataille des fleurs ", la plus grande fête annuelle de l'île, avec défilé de chars) et notre chargement mal placé rendent ces premiers kilomètres difficiles... d'autant plus qu'une côte survient bientôt et que la première vitesse ne passe pas.

Pour les 4 jours de ce long week-end, nous avions prévu une exploration de Jersey à bicyclette, mais aussi à pied : le littoral est bien pourvu en sentiers attrayants. Dés que possible, j'achetai sur place une carte au 1/25000e pour élaborer au mieux des itinéraires. L'île n'est pas très grande (environ 15 km sur 9) mais comporte environ 800 km de routes et chemins !

Ce qui surprend en premier lieu dans cette île britannique, ce sont les noms des villages (Grouville, St Martin...), des rues ou routes (la route orange, la route de St Clément...), des sites (le Mont du Jubilée, le Mont Cochon...) : presque tous français ! Un livre d'histoire m'apprend que les îles anglo-normandes ont été annexées au Duché de Normandie en 933 et que c'est en tant que Duc de Normandie que le roi d'Angleterre a conservé sa souveraineté sur les îles alors que, depuis 1204 , la Normandie continentale était redevenue française (!). Curieusement, les églises sont surmontées du coq gaulois qui voisine souvent avec le drapeau anglais.

Les routes, dés que l'on s'éloigne de la capitale (St Hélier), sont charmantes : en général étroites, parfois très étroites, et ce qui est caractéristique, souvent sans accotements. Le bitume est limité par des murettes ou des talus sur lesquels poussent des haies. Prendre un virage à gauche, sans visibilité, le long d'une murette, n'est pas rassurant : il faut espérer qu'il n'y ait pas un français étourdi en face ! Les jardins sont très fleuris et les propriétés méritent souvent le coup d'œil...

Mais, bien sûr, ce sont les vues à partir des côtes qui sont les plus remarquables : L'île se présente comme un plateau à environ 100 m au-dessus de la mer et les côtes sont en général rocheuses et abruptes. Ce plateau est entaillé par des vallées profondes. Les routes y descendent, en remontent, redescendent vers les plages, remontent sur la falaise ; les grimpettes ne manquent pas !

Au Nord-Ouest, du côté de Gros-Nez, les roches sont rouges et la côte ressemble à celle de l'Esterel. Au Sud-Ouest, prés du Beau-Port, les rochers roses me font penser à ceux de la Corse, prés de Porto. A l'Est, par contre, ils sont bruns, moins hauts, et abritent de petits ports , un peu comme en Bretagne...

Mais, à propos, que vient faire cet article dans une revue de montagnards ? L'exotisme ne suffit pas à justifier sa présence. Les lecteurs perspicaces l'auront deviné : Jersey possède un col : le col de la Rogue, pas bien haut certes (environ 800 m), pas réellement géographique (c'est un passage entre deux rochers), mais il figure sur la carte que j'ai achetée (je ne l'ai découvert que deux jours après !) Et, en plus,(quelle bonne surprise !) il est matérialisé par une belle pancarte, bien décorée. Il est situé sur la côte Nord, entre la Grève du Lecq et le Trou du Diable. Le sentier piétonnier y passe, naturellement.

Une anecdote pour terminer : après avoir fait ce sentier à vélo, je me suis rendu compte, au Trou du Diable, que ma roue arrière était crevée (un tour du Diable ?)... J'avais pourtant réclamé un nécessaire de réparation au loueur, qui m'avait assuré que je ne risquais rien, puis qui, sur mon insistance, m'avait dit de téléphoner en cas de problème. Mais, comment dire au téléphone, qu'on a crevé quand on n'a pas de dictionnaire sous la main, que son anglais date de plus de 15 ans, et que son interlocuteur (pour une fois) ne parle pas français ? J'ai fini par me faire comprendre avec des baragouinages du genre " my wheel is...pssich ! " ( ma roue est...pssich !). Le loueur est venu une heure plus tard avec, dans son coffre, un vélo de rechange, tout simplement.

Bernard Migot

R.C.L. La Flèche


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