Le Queyras est, dit l'encyclopédie, " une vaste nef suspendue au cœur des Alpes. De forte altitude moyenne, épousant grossièrement la forme d'un quadrilatère, il est défendu sur toutes ses faces par des murailles élevées ". Cette définition pourrait laisser perplexe le cyclotouriste. Elle propose cependant à l'amateur de cols muletiers, des problèmes fort intéressants à résoudre. Le premier pourrait s'intituler " Comment traverser de la vallée du Guil, à Briançon, sans emprunter la classique route départementale du col d'Izoard, seule voie de communication facile (et encore en été) entre ces deux régions ?". Pour y répondre, au moins deux préalables s'imposent : 1. Se munir d'un moyen de locomotion adapté, vélo tout terrain ou randonneuse bien équipée. 2. Utiliser une carte suffisamment précise, IGN au 25 ou au 50000e. Deux solutions " raisonnables " semblent possibles. L'une, déjà classique, puisque développée dans la revue n° 13 (1983) du Club des 100 Cols, consiste, au départ de Briançon, à franchir le col des Ayes, puis à rejoindre la route du col d'Izoard au niveau de Brunissard. Dés le départ, existent deux possibilités : soit, comme l'ont fait les auteurs déjà cités, monter au chalet du Mélézin, puis redescendre sur les chalets des Ayes, par une route carrossable bien dessinée dans une forêt de mélèzes, soit prendre la route directe (D236), également non revêtue longeant le torrent. Cet itinéraire est à conseiller aux amateurs de pentes (si ce n'est de sensations) fortes. Le col (2477m), atteint en poussant le vélo, depuis les dernières bergeries vers 2200m, on bascule sur le vallon de l'Echaillon. Le sentier raide qui " passe " avec un vélo tout terrain , ne redevient cyclable pour un vélo classique, qu'à partir des chalets de l'Echaillon. Une route carrossable mène alors facilement à Brunissard. De la Chalp d'Arvieux, pour rejoindre Château-Queyras, on peut, soit emprunter la route descendant de l'Izoard, soit passer par le très joli lac de Roue et le petit village de Souliers. La descente sur Château-Queyras par une mauvaise route goudronnée, réserve, à l'arrivée, de très belles vues plongeantes sur la citadelle. Vous me direz : tout cela est bien beau, mais comment vais-je revenir à mon point de départ ? Qu'à cela ne tienne, empruntez donc la petite route de Meyries. De là, une route construite autrefois pour l'exploitation des mines d'amiante de Barbenq, vous mène dans un premier temps aux bergeries de Péas, puis à un chalet d'altitude récemment construit, vers 2300m d'altitude. Jusque là, la pente, raide et caillouteuse, permet de rouler la plupart du temps. Au-delà, l'itinéraire qui suit le tracé du GR 58 remonte des pentes herbeuses assez raides, et c'est à pied que vous longerez les crêtes délitées descendant du pic de Rochebrune. Les derniers hectomètres du col sont plus faciles et les marmottes du col de Péas vous verront sans doute passer sur votre vélo. La descente sur le hameau des Fonts de Cervières, à travers de vastes pâturages, est très agréable, en dehors de quelques portions raides. Attention de ne pas glisser en longeant le ravin des Chalmettes peu avant le village. La suite est une formalité. La traversée de la plaine du Bourget, paradis du ski de fond l'hiver, permet d'économiser les freins mis à rude épreuve jusque là, et ce, avant la descente rapide sur Cervières où vous retrouvez le goudron, puis Briançon. |
Second problème : monter " plus haut ", en tout cas le plus haut possible sur son vélo. Il existe pour cela au cœur du Queyras, une alternative à la montée du Chaberton ou autre col du Sommeiller. Départ : Ville-Vieille au bord du Guil à 1380 m d'altitude. Montée classique jusqu'à St-Véran où vous êtes déjà à plus de 2000 m. Le stationnement y étant difficile, autant continuer, mais pour aller où ? Eh bien, soit vous êtes un mordu de la piste en terre, un fanatique de l'herbe, un accro des crottes de mouton, alors, du sommet du village, une petite route en terre vous permettra de rejoindre un canal d'irrigation vers 2200 m. De là, en suivant la courbe de niveau, vous rejoindrez, en balcon, la cabane de berger de Labounnais. Deuxième possibilité, suivre la petite route goudronnée montant à la Chapelle de Clausis jusqu'au parking à 2232 m, d'où démarre la piste montant à l'observatoire du pic de Château-Renard. Et voilà, vous connaissez votre objectif, une petite station d'observation des rayons cosmiques, sise à 2931 m. la route n'est jamais très difficile (avec un 28x32 quand même). Seuls les virages sont délicats à négocier du fait des pierres instables. Néanmoins, la pente soutenue, l'altitude élevée et les 1600 m de dénivelée depuis le départ, concourront à vous faire mériter le panorama exceptionnel du sommet. De l'observatoire, un petit chemin vous permet d'atteindre le pic proprement dit à 2989 m d'altitude, d'où l'ensemble des sommets du Queyras, la magnifique face nord du Viso, les cimes enneigées des Ecrins et de la Haute Ubaye paraîtront à votre portée. Quelques edelweiss épais émergent d'un gazon ras. Un petit vent frisquet vous incitera sans doute à revenir sur vos pas. En redescendant, vous ne manquerez sans doute pas l'occasion d'ajouter un col à votre palmarès. Le col du Longet (2701 m) est en effet facilement accessible par une traversée légèrement ascendante, à partir d'un grand virage de la piste. La descente du col, sur le vallon de l'Aigue Agnelle vous tente-t'elle ? N'hésitez pas, laissez vous aller. Pas trop vite cependant, la pente est raide, surtout au début. La suite, plus facile à partir de 2500 m, m'a permis de tester toutes les possibilités de mon vélo tout terrain. Avec un tel matériel, les descentes sont un véritable plaisir. Retour à la route goudronnée en amont de Fontgillarde. Le col Agnel est alors à (longue) portée. Malheureusement, de nombreuses voitures vous feront sans doute regretter la petite piste du matin. A noter que, du col Agnel, vous pouvez rejoindre sans trop de difficulté le col Vieux à 2802 m, d'où l'on a une très belle vue sur les crêtes déchiquetées de Roche Taillante, et sur le lac Foréant. Du col Vieux, il doit être splendide, quoique difficile, de continuer à suivre le GR 58 pour déboucher sur la haute vallée du Guil en amont de l'Echalp. Ce jour-là, plus classiquement, je me suis contenté de revenir à Ville-Vieille par la route du col Agnel. Le soir, de retour au gîte d'étape, je me suis surpris en train d'analyser un troisième problème : comment, de Brunissard, rejoindre la basse vallée de la Durance en évitant le verrou des gorges du Guil ? Plusieurs réponses sont possibles, mais cet article est déjà trop long pour que je vous les livre. A vous d'imaginer, festival de cols à plus de 2000 m prévisible. Etienne Principaud USSE Cyclotourisme |