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Pour un Edelweiss...

Revue N° 16 Page 6b

De passage au camping de Termignon (Savoie), je décidais de glaner quelques cols muletiers.

Ce fut en premier lieu, celui du Petit Mont-Cenis, avec descente vers le vallon d'Ambin en passant par une sente rocailleuse et particulièrement abrupte, pas piquée des vers.

Un orage en formation me fit effectuer le trajet au pas de charge, sous le regard ébahi de randonneurs pédestres nettement plus cool.

Le lendemain, en début d'après-midi, je jette mon dévolu sur le col de Solières (77/9/1/7). Sur la Michelin, un mince filet noir conduit à ce passage obligé qui culmine à 2639 mètres. L'eau m'en vient à la bouche !

La petite route empruntée au cœur du village de Termignon n'est goudronnée que sur deux kilomètres, déjà pentus à souhait. La terre battue prend ensuite le relais.

Je roule sur un chemin suffisamment large pour que des véhicules puissent y circuler. De fait, trois ou quatre voitures de tourisme me croiseront ou me dépasseront. Je déteste ces intrusions, mais qu'y faire ?

La forêt, à majorité composée de feuillus, m'enserre dans une gangue marron-vert. Nombreuses sont les rigoles d'écoulement des eaux de pluie ; la prudence s'impose pour les franchir.

Les cailloux deviennent de plus en plus fréquents et rendent ma progression difficile. Un VTT serait mieux à l'aise sur ce type de revêtement.

Tout prés de l'orée du bois, à la sortie d'un lacet, je rencontre un couple de marcheurs du 3ème âge. L'homme est en possession d'une IGN au 1/25000ème ; il me renseigne utilement sur la direction précise qu'il me faut prendre.

J'atteins d'abord un vaste plateau qui découvre une fort belle vue sur le massif du Mont-Cenis. La photo de ce site haut en couleur, s'impose avant de bifurquer sur ma gauche.

La piste empierrée s'enfonce dans l'alpe abondamment fleurie. Le bleu des gentianes printanières rivalise avec l'or des doronics et le mauve des pensées.

Des marmottes dodues s'enfuient à mon approche, sifflant à qui mieux-mieux.

Le pourcentage devient moins sévère et le chemin se rétrécit en un couloir peu large serpentant le long du flanc de la montagne. Au loin, j'aperçois l'échancrure du col de Solières, dominée sur sa droite par les vestiges d'un fortin.

Il me faut encore pédaler durant deux bons kilomètres, coupés de quelques failles et éboulements, où je dois, soit pousser le vélo, soit le porter, avant d'accéder enfin au col.

Alors que je circule sur un gazon spongieux, j'ai l'heureuse surprise de trouver les premiers edelweiss de ma carrière de " cyclo-amateur de cols muletiers ".

Pour moi, ces petites étoiles duveteuses symbolisent à merveille la montagne. J'en cueille trois exemplaires que je range précautionneusement dans mon sac de guidon.

A cet instant, je ressens un bonheur intense tant j'ai la sensation d'accaparer une parcelle de ces paysages d'éternité que j'aime passionnément.

Ces fleurettes, je les dédie sur-le-champ à mon épouse qui comprend et admet sans restriction mon affection pour la Petite Reine.

Jean Jacques LAFFITTE

79000 NIORT


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