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Du cyclotourisme en montagne...

Revue N° 16 Page 15a

Courte invitation à la réflexion.

La montagne est génératrice d'aventures. Pourquoi le cyclo-grimpeur, à l'instar des explorateurs, ne serait-il pas lui aussi un aventurier des temps modernes ? Incontestable conquérant de l'inutile (affirmation s'il en est, que je conteste), en rien comparable à un Sir Edmund Hilary ou autre Commandant Cousteau, il est néanmoins confronté à moult situations périlleuses dés qu'il quitte la montagne balisée. Une seconde nature, la rage coliteuse, embraye aussitôt qu'il abandonne les sentiers battus (lisez le bitume des routes ordinaires). Dés cet instant précis, le cyclo doit garder tout son sang-froid. Il fait appel à son savoir-faire, sa volonté, son expérience. Précieuse expérience qu'il n'a acquise qu'au fil du temps et qu'il doit mettre en œuvre pour venir à bout du terrain hostile qui repousse sans cesse ses avances.

Point capital : la montagne dispose du cyclo et non l'inverse, car le grimpeur qui transgresse les mesures élémentaires de préparation et de sécurité, s'expose à des représailles sans pitié.

L'appel de la montagne grise le cyclo. Avant, pendant et après. La morte saison l'engage à rêver de ce monde fabuleux qu'est la montagne. L'imagination du cyclo autorise tout, même l'onirisme.

Pendant les beaux jours, ce milieu au relief tourmenté, particulièrement propice à l'éveil des sens, développe son esprit critique. Ce terrain libère son pouvoir créateur qui l'incite à parfaire ses connaissances.

La montagne est source de réflexion.

La preuve ! La preuve, c'est que la plupart des cyclos, auteurs de récits, réflexions ou poèmes, se retrouvent tous, comme par enchantement, au club des 100 Cols.

Est-ce une coïncidence ? Les 100 Cols seraient-ils plus intelligents que les autres ? Cultiveraient-ils plus aisément certains arts ? L'art de vivre, par exemple ! L'art de se conduire en société ! L'art de dominer ses ardeurs ! L'art d'approfondir ses connaissances !

Le croyez-vous ?

Sincèrement, je ne le pense pas. Bien que...

Bien que, dans une ascension longue de 20 bornes, le cyclo-grimpeur tempéré a largement le temps de réfléchir à tout et à rien, tel que : se remettre en question, poser le pourquoi de la vie et une multitude de questions d'ordre divers. Et ce, d'autant plus s'il évolue en solitaire. Il apprend à relativiser les éléments, à dédramatiser les événements. Il va à sa propre rencontre par le vélo et découvre la nature en profondeur, la même où il ira se reposer un jour pour l'éternité. Les choses sont considérées et remises à leur place sur l'échiquier de la vie.

Le cyclotourisme en montagne, c'est une " fac " de philosophie en classe de plein air. Un apprentissage progressif, lent et sur le tas. Une réaction contre l'absurde de la vie. C'est le retour aux sources des grands principes édictés par Socrate. Souvenez-vous : " Connais-Toi Toi-même " disait-il. Phrase anodine mais ô combien imprégnée de sens profond.

N'est-il pas vrai que, quand on croit connaître, on se rend compte qu'on ne connaît toujours pas. Plus on avance, moins on sait.

Il en va de même pour le cyclo-grimpeur dont l'humilité reste son unique fil d'Ariane. Le cyclo qui accepte cette dernière comme postulat, sera en mesure de trouver un jour son " Graal ".

Qui sait !

J.BRUFFAERTS

Bruxelles


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