BOYCOTTONS SARENNE

Les qualificatifs désignant nos cols bien aimés sont légion.

Il en est de champêtres, de désertiques, de luxuriants, de piètres, de retors, de géants, d'insignifiants, de magnifiques, d'enjôleurs, de poétiques, d'antiques, de modernes, de joviaux, de tristes, de gais, de bons, de mauvais, de longs, de courts.

Pour un tel inventaire, il faudrait un Prévert.

Mis je crois qu'un seul mérite le qualificatif d'indésirable.

Oui, je dis bien col indésirable, c'est à dire à bannir, à rejeter, à ignorer, à snober. Je vois déjà d'ici certains puristes de notre confrérie, froncer le sourcil en proférant bien haut qu'un col quel qu'il soit ne peut mériter telle opprobre.

Eh bien, à mon avis (et je le partage !) le col de Sarenne répond à ce qualificatif d'indésirable, car il nargue les 3000 membres de notre confrérie, en affichant avec outrecuidance une altitude de 1999 m.

1999 m n'est ce pas là la pire hauteur à laquelle le cyclomontagnard puisse se hisser ? N'est ce pas là une injure à notre club, un camouflet, un bras d'honneur ?

Car de plus, le bougre offre toutes les facettes que l'on attend d'un plus de 2000 : paysage grandiose, route pentue et défoncée à souhait, virages serrés, etc.... etc....

Alors , amis cent cols, là faut réagir. Il ne faut pas nous laisser insulter de la sorte par ce renégat refusant pour un pauvre malheureux mètre d'entrer dans la prestigieuse famille des 2000 m, si rare à trouver au moment même où le règlement de notre confrérie devient plus draconien.

Je proposerais plusieurs solutions :

1/ le boycott pur et simple. Tout cyclo de notre ordre s'engagerait à ne pas le franchir

2/ pour ceux qui malgré tout, souhaiterait aller le voir de plus près, à la force du mollet, je leur propose de passer le sommet, l'air de rien, en sifflotant comme si de rien n'était et de ne pas l'inscrire le soir venu au bas de sa liste.

3/ pour ceux voulant marquer fortement leur réprobation : le passer avec le vélo sur le toit de la voiture en faisant un bras d'honneur au passage du panneau.

4/ supplier les Ponts et Chaussées de rehausser la route d'un petit mètre ou carrément l'abaisser 'une dizaine.

Voilà, je crois qu'il ne faut pas en rester là, car d'autres risquent de suivre et c'est dans le ridicule que risque de basculer notre confrérie.

A bons pédaleurs, salut.

Robert Jonac