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Emploi du temps

Revue N° 18 Page 48

A défaut d'histoire sentimentale, mon maître Jean-Marie a la sentimentalité historique.

Sa dernière visite à la cité de Carcassonne remonte à un temps certain. Cette fois, n'est pas comme la précédente : il prend le temps pour la visite photographiée. Demain il participera à la Randonnée de la Vallée de l'Aude avec quatorze cents et quelques cyclotouristes venus d'un peu partout. Lors de son exploration des remparts alors qu'ici tout incite au recueillement (en souvenir des victimes de Simon de Montfort, ce baron venu du nord exterminer le Languedoc) un vacarme assourdissant lui rappelle les qualifications et autres essais d'un rallye automobile.

Après une courte nuit sur le ciment d'un hangar de gare (très bon pour la colonne vertébrale selon les sommités médicales) (merci amis cheminots) quelle n'est pas sa stupéfaction lorsque les chers organisateurs de la R.V.A. annoncent que le fameux rallye automobile empruntant le col de Jau, celui-ci pour nous, sera remplacé par le col de Roquejalère. Pas de pot JM était ici presqu'uniquement pour lui. Décidément même une randonnée super organisée est obligée de céder le pas aux " gros cubes ", que même à un moment nous croiserons. Il avait déjà hésité dans le passé, entre Jau et Superbagnères, pour le terme d'une mer-montagne, préférant voir Luchon d'en haut (ce jour-là d'ailleurs, visibilité zéro). Jau ne sera donc pas à son tableau de chasse pour cette fois. De la Roquejalère le Canigou enneigé et nuageux ne nous annonce rien de bon côté météo. Le temps eut été plus clément, j'aurais conduit JM en ce haut lieu de l'art romain qu'est Saint Michel de Cuxa, mais une fois passé Prades, voilà la pluie qui fait sortir la cape. Rejoignons Villefranche de Conflent où le déjeuner nous attend, à portée de fusil de Saint Martin du Canigou. Quel dommage de se trouver dans ce charmant village fortifié, sans pouvoir le visiter à nouveau : mais qu'est ce qui tombe ! Vivons donc sur les acquis précédents. L'après-midi employée à escalader le col de la Llose, ne verra JM ranger la cape qu'aux alentours de la Llagonne. Par petits groupes, après le passage du Calvaire, les cyclos rejoignent leurs différents lieux d'accueil vers Superbolquère, pour une toilette revigorante et un repas bien gagné, suivis d'une nuit réparatrice des dégâts occasionnés par les mauvaises conditions atmosphériques.

En absorbant le petit déjeuner copieux de ce deuxième jour, tout le monde s'est bien rendu compte que le ciel est d'un bleu que l'on ne rencontre qu'en Cerdagne que le givre recouvre la campagne, que les glaçons pendent le long des toits. C 'est donc côté temps le virage à cent quatre vingt degrés : " temps mieux " ! La longue descente sur Ur les Escaldes longe le four solaire et voilà que nous remontons la RN 20 en longeant le Carol. Torrent connu lors de vacances adolescentes de JM, qui lui fait des clins d'œil, lui rappelant des baignades glacées, ne faisant pas la une de la T.V. JM adore le Puymorens, surtout aujourd'hui : les centaines de cyclos gravissant à la queue leuleu chacun à sa manière, les dix neuf cent quinze mètres de ce joli col pyrénéen.

Le beau temps printanier incite à la photo et au cyclotourisme que nous aimons, donc point de précipitation, jouissons des panoramas. Vingt et quelques kilomètres de descente, mais il est bien assez tard, car le flux des véhicules de toutes sortes, monte vers Envalira et Andorre, à la recherche de nous ne savons quel paradis ! Ax les Thermes nous accueille dans son flot de touriste du week-end.
Le mercure thermométral commence à nous ralentir dans notre progression vers le col de Chioula ; au sommet beaucoup de mes collègues randonneuses s'étendent aux côtés de leurs patrons. Restauration bien méritée aux mille deux cent mètres de Belcaire. Dans la torpeur digestive sur le plateau de Sault, traversant les fameuses forêts de sapin de l'Aude nous absorbons (en Ariège de nouveau pour quelques centaines de mètres) les cols de la Croix des Morts et Del Teil, et rentrons définitivement en Aude par la charmant Babourade ; mon maître rêve aux troubadours du château de Puivert, qui hélas ne nous salueront pas à notre passage avant le col de Saint Benoît, le dernier escaladé dans la foulée étant l'Espinas. Le pétillement de la Blanquette flatte les papilles de beaucoup à proximité de Limoux, pas de folies aujourd'hui ! Certains reviendront bientôt : " Gorges Audoises " obligent ! Retour à la case départ un peu pressé. Les cyclos organisateurs de la Cité de Dame Carcas nous fêtent comme il se doit.

La semaine de la Saint Jean, nous étions le treizième équipage d'un nouvel Hendaye Cerbère sans histoire. Je ne vous parlerai pas de ces cols classiques jalonnant ce parcours que chaque cyclo doit un jour connaître. Mais JM se souvenant de la bonne parole (écrite) de Pierre Roques, agrémenta la chose par le grapillonnage des cols de la Haute Soule : Haltza, Burdincurutcheta et Orgambideska, dont les pourcentages n'ont rien à envier à leurs glorieux aînés ! Naturellement, à la sortie d'un virage aux chalets d'Iraty, quelques vautours planaient fidèles au rendez-vous !

A fin de comparer les bienfaits de l'oxygénation des crêtes pyrénéennes à la revitalisation thalassothérapique bretonne, JM s'aventure en mars, août et septembre sur le " Littoral Breton Cyclotouriste " de Rennes à Nantes par le Mont Saint Michel et les caps finistériens (photo symbole au panneau de Brest en hommage aux amis diagonalistes et Paris-Brestiens).

Chose rare dans nos habitudes montagnardes, nous éluderons le passage au Roc Trévezel avec ses trois cent quatre vingt quatre mètres, point culminant des Monts d'Arrée, ainsi que les trois cent trente mètres du Ménez Hom pointe extrême des Montagnes Noires, pour cause de " purée de pois ".

Au fait, le degré de difficulté est-il plus important au sortir de certaines plages bretonnes ou dans le dernier virage du Tourmalet ?

A comparer

- si l'azur du ciel aquitain est plus bleu que le Roussillonnais
- si la limpidité de la Manche surpasse celle de l'Atlantique voire de la Méditerranée
- si l'opacité des nuages du Tourmalet se coupe mieux que le brouillard breton
- si le sel des marais salants resplendissants au soleil couchant de Ré, est plus ou moins blanc ou gris, qu'en presqu'île de Guérande.

JM reste sur autant d'indécisions !

Pour conclure il vous dira qu'il a choisi les provinces basque et cathare, armoricaine et vendéenne, ces régions aux remous historiques, pour fêter le bicentenaire des droits des êtres humains à l'accession (qui à nous cyclos nous est le plus cher) à la LIBERTE.

Bonne route.

La Randonneuse Occitane

Jean-Marie Bourdelas

Réveil Cyclotouriste de Limoges


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