Page 05a Sommaire de la revue N° 21 Page 06

Amoureuse ?

Revue N° 21 Page 05b

Drôle de titre dans notre revue, direz-vous ! Oui, mais si je reprends...Amoureuse d'un col... Voilà ! Ca ne s'explique pas, comme les sentiments en général.

Les premiers récits, que des grimpeurs chevronnés nous avaient fait de ce col m'avaient profondément intriguée. La première fois que je l'ai vu - en poster - j'ai tout de suite compris que celui-là, il me le fallait... Un vrai coup de foudre, quoi ! Ce serait le plus beau, le plus long, le plus haut, de tous ces cols gravis depuis 12 ans, d'abord par amusement puis par besoin, celui-là le serait par amour !

Et je l'ai eu, ce Stelvio, le 28 juin 92, avec la chance ce jour-là : de l'amitié, du ciel bleu, du soleil retrouvé, des jambes faciles. J'ai dégusté son approche, accompagnée du chant du ruisseau ; j'ai apprécié son ombrage dans les premiers lacets, les plus durs, après Trafoï; je me suis régalée d'entendre souvent la voix de mon mari me héler ou m'encourager quelques virages au-dessus de moi; et puis, quand, après le replat du refuge, son sommet s'est enfin offert à mes yeux, avec les cinq derniers kilomètres de lacets à gravir, j'ai senti mon cœur battre, battre ! comme lorsqu'on est amoureuse et que l'on sait que tout va être consommé.
Alors, je suis montée doucement, mais facilement un virage à la fois, le regard sans cesse appelé vers le ciel par ce paysage grandiose. J'ai eu le temps de décliner toutes les étapes de cet amour : un peu, beaucoup, passionnément

Enfin, l'arrivée au sommet m'a remplie d'une profonde joie, celle du travail bien fait d'une œuvre longtemps mûrie : j'avais conquis mon maïtre.

Evelyne BOUTHORS n°2044

Chambéry (Savoie)


Page 05a Sommaire de la revue N° 21 Page 06