Comme dans une encyclique récente - 6 Octobre 1993 - d'un Pape de l'Eglise catholique romaine sur la morale, on pourrait partir du texte évangélique sur le jeune homme riche dans Matthieu 19/16-22, pour une réflexion sur la beauté du cyclotourisme en rapport avec la sécurité individuelle et collective sur les routes. Il semble élémentaire et nécessaire, en effet, de respecter scrupuleusement les commandements du Code de la Route et autres recommandations des grands prophètes comme Vélocio : Tu ne rouleras pas à gauche Tu ne t'engageras pas dans les sens interdits ni dans les voies sans issue Tu ne brûleras pas les feux rouges Tu ne refuseras pas les priorités Tu ne doubleras pas en position dangereuse Tu ne feras pas d'excès de vitesse Tu ne pédaleras pas par amour propre... Le pratiquant du dimanche matin ou de tout autre jour, le pratiquant solitaire ou solidaire d'un groupe ou d'un club pourra toujours ajouter : "Tout cela, je l'ai observé, que me manque-t-il encore?" et l'Evangile d'ajouter: "Si tu veux être parfait..." Il y aurait donc une perfection à rechercher, pour un cyclotourisme de qualité qui serait au-delà de la simple observance de la loi, des règlements et réglementations, au-delà de la simple conformité aux règles de la bonne conduite, et ce serait tout simplement la joie de pédaler en toute liberté et vérité pour atteindre le bonheur au-delà du plaisir et des plaisirs... Une traduction très libre de cette histoire du jeune homme riche en quête de perfection pourrait être la suivante: "Si tu veux être parfait... dans ton cyclotourisme... libère-toi de ce qui t'enchaîne, libère-toi du seul souci de tes performances, libère-toi de la perversion de l'esprit de compétition, libère-toi de la volonté orgueilleuse de te survaloriser aux yeux des autres et... tu découvriras un trésor... Tu découvriras un trésor chaque fois que tu pédaleras en harmonie, en souplesse, en détente, pour te rendre mieux capable d'être plus attentif et attentionné pour les choses et les êtres que tu rencontreras et avec qui tu partageras les multiples splendeurs de la vie." C'est précisément l'expérience nouvelle que je viens de faire en Ardèche, fin octobre début novembre, avec toujours au fond de moi ce rêve sans cesse poursuivi d'espérer que le prochain voyage sera meilleur... Il n'est pas évident pour un soliste de pouvoir s'accorder, sans fausse note, en un duo de quelques jours, surtout quand la météo ne vous y aide pas et que le ciel vous envoie sur la cape cycliste de bonnes raisons, froides et humides, de renoncer à des cols amoureusement repérés sur la carte et convoités avec gourmandise pour augmenter sa collection en guise de palmarès. J'étais en féminine compagnie : elle "descendait" en Ardèche pour le soleil, pour les couleurs de l'automne, pour un maximum de cols et un minimum de kilomètres, pour le plaisir de la compagnie... Il a bien fallu réviser à la baisse nos prétentions cyclistes, nous ferons mieux la prochaine fois, ce rêve illuminera la traversée de l'hiver. |
Comme dans tout voyage, les cols et les kilomètres ne sont pas les seules motivations et tout ce qui est autour est un complément indispensable d'émotions qui font de la randonnée une qualité de vie... sauf quand on a encore des problèmes avec les chiens: attention au Tracol, 740m, 07-68 b du guide Chauvot... attention : Danger! Ce n'est pas parce que c'était le temps de la Toussaint mais j'ai sacrifié à la visite de quelques cimetières, ces lieux où l'on dort - c'est le sens étymologique - et que certains cyclos que je connais utilisent tout naturellement comme dortoir. je me suis encore trouvé dans le cimetière de Privas - même nom, même prénom - Nous n'avons pas pu visiter le musée du protestantisme installé à Pranles dans la maison natale de Marie Durand "la célèbre prisonnière de la Tour de Constance à Aigues Mortes où elle résista vaillamment pendant 38 ans, de 1730 à 1768" pour affirmer sa liberté de conscience... mais nous avons assisté, en tenue cyclo, à un culte dominical. Nous n'avons pas eu le temps de tout voir du site et des grottes préhistoriques autour de Soyons mais l'excellent Musée permet, en quelques minutes ou quelques heures, de parcourir 150 000 ans d'histoire. C'est vite passé, 7 jours de vélo, c'est bien court, c'est très, très peu dans une vie, ce ne sont que des miettes dans une carrière cyclo, mais c'est assez pour entrevoir la splendeur de la vérité d'un cyclotourisme de contemplation et de communion, c'est assez pour donner envie de récidiver de multiples fois, surtout que j'ai failli tout perdre dans un accident stupide, ce 9 novembre, au bord de mer entre Cagnes sur Mer et Saint Laurent du Var. Accident stupide qui n'aurait jamais dû arriver puisque j'étais seul sur une route très large, sans aucun danger possible. Je transportais sur mon porte-bagages un plein carton de documentation pour Amnesty International, je roulais tranquillement, à moins d'un mètre du trottoir... il n'y avait à ce moment là aucune voiture devant, ni à côté, ni derrière et puis... va savoir pourquoi... un grand choc à l'arrière: un vélomoteur qui me percute... emboutit tout l'arrière de mon vélo et me projette à terre... je suis habillé de rouge et il ne m'aurait pas vu...! Mon vélo est fichu... il avait 20 ans... tué à 20 ans... Je m'en suis bien tiré avec seulement des plaies aux 2 genoux, aux 2 coudes, au poignet et à l'épaule côté droit, à la fesse et au mollet côté gauche et 3 côtes cassées côté droit... Rien à la tête, mes lunettes n'ont pas bougé d'un millimètre sur mon nez. Rien au moral, aucune faute de ma part contre le code de la route mais encore faut-il que les autres en fassent autant... pour que tout le monde roule en toute liberté et sécurité. "Où irons-nous en 94? Il suffira d'être prêt dans sa tête, dans ses jambes et dans son coeur pour que toute route devienne chemin de lumière et de splendeurs, en vérité. 333 Kilomètres - 24 Cols - un duo à trois: le 113, le 2209 et le 2847. Paul ANDRE Menton (Alpes-Maritimes) |