Parti très tôt ce matin des environs de Veynes, j'ai laissé la voiture à Cesana Torinese. Depuis, je ne cesse de monter. Cling... Clang... Un vacarme insolite expulse brutalement le silence des pentes du Colle Basset. Mais d'où vient cette cacophonie infernale qui trouble la sérénité de ma randonnée ? Un objet passe juste au dessus de ma tête dans un tintamarre métallique. Ca y est. J'y suis... Les télécabines viennent d'être mises en marche. Plutôt curieuse cette escalade des crêtes dell' Assietta survolées par ces bruyants engins. Progressivement nos chemins se séparent, je retrouve avec soulagement le calme enfin revenu. L'ascension continue. Patiemment, je grignote mètre par mètre la piste rugueuse maintenant orientée nord/nord-est. De vastes herbages, pareils à des pelouses jaunissantes, couvrent les pentes. L'épaisseur du tapis végétal gomme les angles vifs de la montagne et donne l'illusion que l'altitude inscrite sur la pancarte de chaque col est usurpée. Le conducteur d'un engin lisse avec application la terre rouge de la route. Pendant un temps, la douceur de la surface du chemin est comparable au bitume le plus fin. C'est très gentil de récompenser ainsi les efforts des randonneurs. Il est plus de midi, j'arrive à un carrefour. D'un côté, la route montant de Fenestrelle, de l'autre celle menant au delle Finestre. L'endroit n'est peut être pas très bien choisi, mais je décide de m'y arrêter pour manger. |
Pratiquement seul depuis Sestrière, je constate en m'arrêtant, combien cet itinéraire est fréquenté. Il y a des 4 x 4, des voitures particulières, des motos, des randonneurs pédestres et...des vélos. D'abord un vététiste puis deux cyclos faisant Antibes - Thonon. Venant du nord, un peloton à V.T.T. descend à toute allure. De quoi ai-je l'air avec mon vieux clou couché dans l'herbe, en train de savourer mon dernier sandwich ? Comment faire pour ne pas être éclipsé par ces comètes de fluo revêtues ? Je dois faire quelque chose... mais quoi ? Ca y est, la voilà l'idée. Mon gendre, inquiet de me savoir seul, m'a confié son téléphone portable. Toute la famille doit d'ailleurs m'appeler d'ici peu pour savoir où j'en suis. Je sors l'appareil du sac à dos, déploie l'antenne et prend la pose prétentieuse du cadre dynamique en pleine conversation. Je devine les regards incrédules lorsque le groupe passe tout près. Hein ! qui c'est la vedette maintenant ? L'heure de la vacation radio est passée. Pas d'appel. Je termine par la tire-bouchonesque descente sur Méana. Mini orage lors du regroupement familial à Suse. Le "pourquoi ne m'avez-vous pas appelé" est immédiatement contré par un "et toi, pourquoi n'as-tu pas répondu ?" Le mystère s'est éclairci plus tard... j'aurais dû, parait-il, mettre l'appareil en veille. Décidément, je suis bien un frimeur. René CODANI N°1882 de LARDY (Essonne) |