Je m'éloigne à vive allure de Colombier. Même si on est quelque fois le dindon de la farce, j'éprouve en ce moment le sentiment assez frustrant d'être un autre volatile, un pigeon par exemple. Vous pourrez me rétorquer : "rien de plus normal si vous fréquentez les colombiers!" Quoi qu'il en soit, je le retiens ce Minitel imbécile qui m'a orienté sur le plus détestable hôtel qu'il soit permis d'imaginer. Par pure charité chrétienne je m'abstiens de décrire avec plus de précisions cet établissement. Ne faut-il pas, en ce bas monde, tout partager, les bonnes comme les mauvaises choses ? Un aller et retour au col du Fayet avant d'enchaîner par l'escalade du col du Banchet. Passé Bourg-Argental, la pluie se met de la partie et refroidit quelque peu mes ardeurs dans la montée sur Burdignes. Les éclaircies se succèdent et me permettent enfin d'apprécier l'ampleur des superbes paysages offerts par la D29. En cette fin du mois d'août, que la montagne est belle ! Vanosc... je vire à droite et attaque les longues pentes du col de la Charousse. Comme c'est curieux... Michèle met bien du temps à me rattraper. Compte tenu du caractère tarabiscoté de mon itinéraire, il est fort possible qu'elle rencontre quelques difficultés d'orientation. Comme j'ai eu raison d'insister pour emporter mon casse-croûte dans la sacoche de guidon. |
Je monte toujours, mais de moins en moins vite, sous un soleil bien décidé à sécher, vite fait bien fait, les lacets humides de la départementale. Un taxi, immatriculé 42, me double et s' arrète quelques mètres plus loin. C'est juste le moment où une goutte de sueur, en trouvant le moyen de se glisser sous ma paupière, me fait perdre une partie de mon acuité visuelle. Pas assez cependant, pour m'empêcher de reconnaître ma femme. Intrigué, je m'arrête et attends une explication. - "Dis donc René... N'aurais-tu pas, par hasard, gardé la clé de la voiture ? Ma première réaction est de répondre : "Bien sûr que non" ... mais simultanément un réflexe pousse ma main droite à plonger dans la poche droite du maillot. On n'est jamais trahi que par les siens ! La main droite agite joyeusement le petit objet alors que je m'entends encore bredouiller : "Flûte alors... mais je suis idiot !" Et ma douce épouse d'acquiescer : "Pour une fois, je suis d'accord avec toi !" L'histoire manque moins de sel quand on apprend d'abord que le double itinéraire était enfermé dans la voiture, et qu'ensuite, Michèle ne se souvenait que d'une explication : "à Bourg-Argental il suffit de traverser la RN 82 et de continuer en face". C'est nantie de cette seule indication que la dame qui conduisait le taxi réussit à me rattraper. René CODANI N°1882 de LARDY (Essonne) |