Je suis allé chercher mon premier col nouveau 1999 en Italie ... Ce n'est pas un grand col ni un col très difficile, il n'est pas non plus très haut, mais je ne m'attendais pas au qualificatif que j'ai trouvé gravé dans le marbre. C'est en tout cas un vrai col, même s'il n'est mentionné ni sur la carte routière au 1/200000 ème ni sur la carta dei sentieri e rifugi au 1/25000 ème. Il est simplement indiqué sur une carte au 1/50000 ème à l'altitude 363 avec l'appellation "Croce della Para" et retenu comme col par G. Rossini dans son inventaire des cols italiens : c'est un col géographique authentique, sur une ligne de crête, entre deux vallées, entre deux sommets. C'est aussi un col historique marqué d'une croix métallique de plus de deux mètres sur un double socle de maçonnerie avec deux plaques explicatives : une, en marbre datée de 1919, une autre en pierre de MDMLXXIX qui rappellent les combats du 7 août 1543 contre les Turcs appelés aussi Sarrazins. Tout le littoral de la côte d'Azur et de Ligurie est ainsi jalonné de souvenirs de débarquements dont le dernier, celui du 15 août 1944 fut libérateur. En 1543, c'était différent : selon certaines sources, c'étaient plus de 300 bateaux qui venaient pour conquérir le pays niçois et ses environs. Ces possessions de la Maison de Savoie étaient convoitées par François Ier et Charles Quint ; ils avaient pourtant signé une trêve à Nice en 1538 grâce à l'intervention du pape Paul III, plus connu pour avoir convoqué le concile de Trente et poursuivi la construction de St-Pierre de Rome avec Michel Ange ... ces personnages sont venus sur place ... des monuments en perpétuent la mémoire. On trouve mention de leur passage à l'ancienne porte Canarda de Vintimille : le pape Innocent IV le 7 mai 1251, Catherine de Sienne en juin 1376, Machiavel en mai 1511, Charles Quint en novembre 1536, le pape Paul III en 1538, Bonaparte le 2 mars 1796 ... Il n'y a pas encore de registre pour les cyclos ! Nice a gardé du siège de 1543 quelques boulets de canon visibles dans certaines rues du vieux Nice, et le souvenir de Catherine Segurane, lavandière, héroïne niçoise qui aurait provoqué la débandade des assaillants en dévoilant son postérieur du haut des remparts !... Déjà une affaire de voile !... |
Pour en revenir au col explicitement mentionné, que dit le texte gravé dans le marbre de la "Croce della Para" ? Il 7 Agosto 1543 Su quello Colle Ridente cittadini e valligiani pararono il colpo scacciandi i saraceni funestanti Sanremo "Colle ridente" ! Col riant ? Souriant ? Gracieux ? Tout le contraste entre le site charmeur et la sauvagerie des combats. Il n'est pas dit que ce col puisse être aussi grimaçant pour les cyclos dans les passages supérieurs à 25 %. Je les ai faits à pied en poussant le vélo, seul, puis une deuxième fois avec Mireille, même qu'elle s'est endormie au pied de la croix ! Serait-ce aussi un col endormant ? Autre particularité intéressante de ce col : on y trouve de l'eau, de quoi retrouver le sourire après l'effort. Paul ANDRE N°113 de MENTON (Alpes-Maritimes) |