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La passion des cols

Revue N° 28 Page 37

A l'approche d'un nouveau millénaire, je viens de boucler ma liste des nouveaux cols de l'année et je constate, avec étonnement, que je suis en avance sur mon temps : déjà plus de 2000 cols à mon actif. Et pourtant, j'ai encore beaucoup à faire, ma passion étant sans cesse renouvelée. Il faut remonter au premier col afin de comprendre cette boulimie.

Originaire des plaines de l'Ain, non loin des premiers chaînons du Jura, les grandes vacances étaient régulièrement consacrées à la montagne : randonnées pédestres l'été, promenades à ski l'hiver.

Ces randonnées me firent découvrir l'intérêt de la cartographie et l'orientation. Quoi de plus palpitant que de regarder une carte, des heures durant et d'imaginer ce que l'on va avoir sous les yeux. Les randonnées cyclistes étant rares et courtes, les plus lointaines me conduisaient dans les Dombes, pays plat et parsemé d'étangs, souvenir des anciennes glaciations qui allaient jusqu'à Lyon. Mon père m'indiquait que j'étais trop jeune pour aller vers les routes escarpées des montagnes. Un après-midi, seul à la maison, je décide d'affronter ce qui était défendu, mon premier col, le col de France (altitude très modeste de 371 mètres).

Ce fût ensuite le tour des cols du Beaujolais, de l'autre côté de la Saône, puis les cols alpins. A mon arrivée à Chambéry, le club cyclo où j'étais inscrit, me fit découvrir la Confrérie des "Cent Cols". Depuis c'est l'engrenage, les fins de semaine s'orientent en fonction des cols à collectionner. Il y a de quoi faire dans un rayon de 200 kilomètres.

Les cols routiers de plus de 2000 mètres sont assez rares, alors je décidais d'acheter un VTT. Ce vélo me permettant d'aller vers une collection de cols illimitée.
J'ai maintenant quelques cols de plus de 3000 mètres d'altitude et je compte bien aller chatouiller des plus de 4000, voire des 5000.

Pendant les vacances, c'est la découverte de nouveaux massifs montagneux, en France comme à l'étranger. Les additifs des cols édités par la Confrérie sont l'occasion de retourner dans des secteurs que je croyais avoir intégralement ratissés.

Et puis, un jour de printemps, dans le Diois, la passion des cols s'est transformée en amour. La boulimie m'a incité, ce jour-là, à faire un détour pour franchir un nouveau et modeste col : le Pas de Tripet.

C'est là que j'ai rencontré, en pleine montagne, un groupe de randonneurs qui comprenait la femme de ma vie, originaire de Bretagne.

Un café bien chaud sorti du thermos, une adresse griffonnée sur un emballage de biscuits et c'est le début d'un nouvel engrenage qui a donné naissance à deux adorables enfants : Océane pour se rappeler la Bretagne et Axel, prouesse d'équilibre nécessaire à la pratique des cols cyclo-muletiers.

L'avenir dira si cette passion se transmettra à ces deux nouvelles pousses qui n'auraient jamais vu le jour sans la Confrérie.

A l'aube d'un nouveau millénaire, encore merci à la Confrérie des Cent Cols qui nous permet, chaque jour, de renouveler cette passion, le plaisir d'imaginer un parcours sur des cartes, de découvrir de nouvelles régions, de se perdre de temps en temps et de vivre au rythme de la nature et des saisons.

Michel MATHIEU N°3397

de GREZIEU (Rhône)


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