Pour avoir si souvent roulé avec ma bicyclette
Je m’en suis fait presque une amie, une douce compagne,
Témoin de mes souffrances, silencieuse et discrète,
Elle m'a fait découvrir les plaines et les montagnes.
Même si je dois moi aussi la porter jusqu'au col
Elle ne me demandera pas de décrocher la lune,
Les liens qui nous unissent sans contrainte ni licol
Sont changeants et éoliens comme le sable des dunes.
Jamais elle ne se plaint, ni même me réconforte,
Aucun signe d'agacement, rien que de l'harmonie,
Qu'importent les sentiments, l'amour que je lui porte,
Elle s'en fout royalement et c'est très bien ainsi.
A force de la considérer comme une petite reine,
Je n'ose penser qu'un jour elle me laissera tomber
Car tel le gladiateur vaincu ayant quitté l'arène
J'errerais solitaire et déçu par cette mise à pied.
Me reviendront alors les balades du temps jadis
Sur ces routes et sentiers escarpés ou aériens
Et l'ineffable parfum de liberté et de délices
Qui flottait autour de nous dans ces journées sans fin.
Maurice Occelli
CC n°3975